« Que sont mes amis devenus, que j'avais de si près tenus », avait déploré un Jacques Chirac blessé au lendemain de la trahison balladurienne. Voilà des vers que François Hollande pourrait se répéter alors que, quelques semaines seulement après la déflagration Merci pour ce moment, le livre à charge de son ancienne compagne, Aquilino Morelle s'apprête lui aussi à nous ouvrir la porte de la salle de bains du Président.
Demain paraîtra en effet dans Le Nouvel Observateur une interview de l'ancien conseiller en communication du Chef de l'État, dans laquelle celui-ci fait preuve d'une rare violence à l'encontre de celui dont il fut si proche. Trop proche ? L'impudeur et la rancœur dont fait preuve l'amateur de souliers cirés témoigne d'une passion qui dépasse en effet les frontières de ce qu'il semble correct de dire sur un Président en exercice. « C'est un enfoiré », assène-t-il ainsi au journaliste, avant d'expliquer dans les détails son rôle d'ami, de confident auprès d'un Hollande mis à terre par l'affaire Closer. « J'ai vu François nu, plus bas que terre, je l'ai ramassé à la petite cuillère. Peu à peu, il s'est relevé. Alors il n'a plus supporté mon regard », révèle-t-il ainsi.
Horrifié par sa damnation post-révélations de ses goûts trop luxueux, Morelle ne plie pas, et crie à l'abus de pouvoir d'un homme sans cœur, ingrat et soumis au bon vouloir de son peuple, lorsqu'il tente d'argumenter : « Où est le crime? Demander à un chauffeur d’aller chercher son fils quand on ne peut pas y aller soi-même ? Faire venir un cireur à Marigny ? » avant de dresser le portrait d'un Hollande auquel il s'adressait manifestement comme à un enfant. « Et toi tu n'as jamais fait de connerie, peut-être ? Aller te faire gauler rue du Cirque, avec ton casque, comme un débutant... », lui aurait-il ainsi rétorqué, vengeur, lorsque Hollande lui demandait de quitter les lieux.
Ils n'étaient pas proches, loin de là (Trierweiler avoue ainsi dans son livre avoir gentiment poussé au limogeage de Morelle). Pourtant, Morelle compare son sort à celui de Valérie Trierweiler : « François se comporte avec moi comme avec Valérie, incapable d'assumer une rupture qui était aussi d'ordre affectif », avouant ainsi que cette affaire de conseiller congédié dépasse effectivement le cadre strictement professionnel, ou du moins public.
Doit-on réellement connaître ces secrets d'alcôve ? Continuer à subir ce déballage obscène, ces petites anecdotes du quotidien du Président de la République, devenu ce piteux « François », « François nu », « François l'homme aux textos », « François le copain qui se fait gauler en scooter » ? Il semble qu'on n'ait manifestement pas le choix. « Ça peut saigner », avertit ainsi l'ancien confident, laissant présager la sortie éventuelle d'un nouveau journal intime de librairie. Serait-ce la fortune amassée par sa rivale sur le dos de leur ennemi commun qui agite la plume et la langue de Morelle ou bien simplement le plaisir cruel d'humilier plus encore l'ami d'autrefois ? Peut-être bien les deux.
La saga François, elle, ne semble pas près de s'arrêter. Au risque d'affaiblir certes l'homme mais aussi et surtout la fonction présidentielle…