De la santé de la planète dépend celle de nos enfants. Cette sentence paraît naïve voire trop "peace and love", elle n'en est pas moins cruellement logique en ces temps de crise climatique alarmante. En ce 20 novembre, Journée internationale des droits de l'enfant, il n'est jamais trop superflu de rappeler à quel point la question écologiste est profondément liée au respect et à la survie des jeunes générations, d'aujourd'hui comme de demain.
Et c'est le point sur lequel insiste justement cette tribune alerte mise en ligne sur le site du Monde. Le titre est choc mais va droit au but : "Le changement climatique affecte déjà des enfants du monde entier". Rédigée par Juliane Kippenberg, directrice adjointe de la division des Droits de l'enfant à l'ONG Human Rights Watch, et Katharina Rall, chercheuse auprès de la division Environnement et droits humains de cette même organisation non gouvernementale, cette tribune met à l'honneur l'action puissante de Greta Thunberg, et celle de quinze jeunes activistes militant à ses côtés. La jeune écologiste suédoise a effectivement porté plainte devant le Comité des droits de l'enfant contre cinq pays. Le motif ? Inaction en matière climatique...
Oui, pour la figure de proue du mouvement Youth for Climate (et "role model" des adeptes du "OK Boomer"), l'inaction de certains gouvernements en matière d'investissement écologiste est une violation pure et simple des droits de l'enfant. Selon Greta Thunberg, les grands dirigeants, de la France à l'Allemagne en passant par le Brésil et la Turquie, ne font rien pour réduire leurs considérables émissions de carbone. Pourtant, Emmanuel Macron le prônait avec ferveur l'an dernier : "Il n'y a pas de planète B". Mais aujourd'hui, cette punchline présidentielle qui en jette semble bien vaine, si ce n'est totalement hypocrite. Et Greta Thunberg est encore la première à le dire : "les dirigeants n'ont pas tenu leurs promesses".
La crise climatique est une crise de l'enfance pour la simple et bonne raison que ce laxisme gouvernemental tend à "faire porter le fardeau et le coût du changement climatique aux générations futures", déplore en ce sens la tribune conscientisée du Monde. Et "porter le fardeau" est un doux euphémisme, car c'est par la violence que réagissent le plus souvent les "autorités compétentes". En septembre dernier encore, précisent Juliane Kippenberg et Katharina Rall, les forces de l'ordre françaises ont ainsi répondu "par les gaz lacrymos" à une manifestation des activistes écologistes.
En portant plainte devant le Comité des droits de l'enfant, les quinze jeunes militants venus des quatre coins du monde (Afrique du Sud, Inde, Etats-Unis, Allemagne, Argentine), et à l'âge parfois très jeune (l'une de ces activistes, la jeune Ridhima Pandey, originaire d'Inde, a seulement onze ans), nous alertent donc : la crise climatique met en péril la protection des enfants, de façon aussi concrète qu'une répression policière.
Car qui dit crise climatique dit prolifération des incendies de forêts, catastrophes naturelles, hausses de température extrême, recrudescence des maladies. "Nos propres recherches confirment que le changement climatique a de nombreuses conséquences néfastes pour les droits de l'enfant", insistent à l'unisson les voix de l'ONG Human Rights Watch.
Pour illustrer cette réalité, les deux expertes évoquent le cas de David. David a seize ans. Il a porté plainte contre le gouvernement français. Là où il vit, aux Iles Marshall, des marées très élevées causent de considérables inondations. Par-delà cette menace, les moustiques prolifèrent, et sont source de maladies sérieuses. Preuve en est que le déréglementent climatique est synonyme de danger de mort, de dégâts matériels et de précarité. Dans d'autres pays encore, il empêche aux enfants d'accéder à l'école.
Education, conditions de vie, cadre familial, santé : du corps de la planète dépend bien des choses. Et c'est pour cela que "les jeunes activistes écologistes d'aujourd'hui méritent d'être entendus et de recevoir des réponses", appuie la tribune du Monde. Les ignorer serait passer à côté d'un mal global dont les enfants souffrent autant physiquement que psychologiquement. Car comme l'énonce le site The Conversation, la jeunesse d'aujourd'hui, aussi vulnérable et empathique que lucide et indignée, demeure la plus sensible à ce que l'on appelle "l'éco-anxiété", cette angoisse terrible qui éclot de la crise climatique. Plus qu'une peur ou qu'un catastrophisme (volontiers moqué), l'éco-anxiété est "un fardeau émotionnel". Et générationnel.
L'UNICEF abonde d'ailleurs en ce sens. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance nous rappelle l'espace d'un texte que les enfants sont les plus vulnérables aux effets de la crise climatique. Et l'agence de lancer l'alerte : "Si nous n'agissons pas immédiatement, le pire reste à venir". A bon entendeur.