Pour sa première expérience en tant qu'acteur, le chanteur Kendji Girac voulait "un sujet important, sociétal, qui peut aider d'autres gens." Et il a fini par trouver son bonheur. Car dans le téléfilm Champion, diffusé ce 5 septembre sur TF1, il incarne Zack, un jeune charpentier qui s'idole parce qu'il rencontre des difficultés à lire et à écrire. Un sujet que le musicien connaît bien, puisqu'il a lui-même connu l'illettrisme.
"J'avais eu surtout des difficultés à écrire", confie au Parisien Kendji Girac, issu de la communauté gitane et a passé beaucoup de temps à voyager avec sa famille pendant son enfance. "Lire, je l'ai appris à l'école, mais je ne savais pas écrire comme une personne qui a eu un parcours scolaire classique. Je faisais beaucoup de fautes d'orthographe, j'écrivais en phonétique, en fait. À l'époque, je n'éprouvais pas de la honte, plus de la gêne. Je ne pratiquais pas beaucoup, à part pour envoyer des textos. Et puis, je me suis dit un jour : C'est bon, je ne peux pas rester comme ça. J'aime bien faire les choses bien. J'ai voulu apprendre."
Une problématique qui a même rattrapé le chanteur lorsqu'il a signé son contrat son premier contrat chez Universal, après avoir remporté The Voice à 17 ans en 2014. Kendji se rappelle avec sincérité de cet épisode qui l'a fait "complètement paniquer."
"Je devais simplement mettre la mention 'je soussigné Kendji Girac'... Et ça a été comme écrire un livre entier. Du coup, je n'ai même pas voulu le signer, de peur de faire des fautes d'orthographe. Tout le monde me regardait. Je me souviens encore de cette feuille et de ce stylo."
Il explique ainsi les petites astuces qu'il a appris à développer afin de parer à ses difficultés. "Pour faire les autographes, j'ai un petit truc, raconte-t-il. Pour écrire les formules classiques, genre 'Bon anniversaire', ça va. Mais pour les prénoms, je me les fais épeler. Comme ça, je suis sûr de ne pas faire de fautes d'orthographe et de ne pas donner le mauvais exemple aux enfants qui viennent me voir. Eux, ils sont à l'école en train d'apprendre."
C'est donc peu dire que le téléfilm Champion lui tient à coeur, lui qui a envie d'investir ce sujet qui toucherait 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans selon l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). Et dont si peu de personnes osent encore parler.
"J'en ai beaucoup parlé avec des amis autour de moi qui en souffrent. Certains n'arrivent pas et ne le disent pas forcément. Puis en me renseignant, comme je suis curieux, j'ai appris qu'il y avait encore 7 % de Français touchés, soit près de 2 millions de personnes. C'est devenu évident d'en parler."
Mieux, Kendji Girac souhaiterait devenir un porte-parole afin de pousser les personnes concernées à en parler au lieu de s'isoler. "Aujourd'hui, l'illettrisme ne doit plus être un tabou", lance le jeune chanteur qui a d'ores et déjà rencontré des associations afin de collaborer avec elles. On applaudit.