Le 10 mai dernier, Christiane Taubira participait à Paris à une commémoration en mémoire du général Thomas Alexandre Dumas, une des figures de la lutte contre l'esclavage. Mais, le moment venu d'entonner la Marseillaise, la garde des Sceaux s'est tue. Un silence, remarqué par certains élus de droite, qui, flairant le coup politique, s'en sont émus publiquement. Visiblement surprise par l'ampleur de la polémique, la ministre de la Justice s'est dite « atterrée » et a argué que « certaines circonstances [appelaient] davantage au recueillement (…) qu'au karaoké d'estrade ».
Interrogé sur la question, l'acteur Lambert Wilson a émis, au micro de RTL, un jugement très dur à l'égard du chant de Rouget de Lisle. « Les paroles sont épouvantables, sanguinaires, d'un autre temps, racistes et xénophobes », juge t-il, nuançant tout de même ses propos en évoquant une « musique fantastique » et « pas mal de paroles qui passent ». Une critique que l'acteur avait déjà émise par le passé.
La polémique concernant Christiane Taubira pourrait ainsi en faire naître une autre. De toute évidence, la locataire de la place Vendôme n'est pas la seule responsable politique à ne pas entonner la Marseillaise lorsque celle-ci est jouée. Ce fameux 10 mai, ce fut également le cas de Benoît Hamon, ministre de l'Éducation, qui se trouvait à ses côtés. Chose étonnante, seule la native de Cayenne est pourtant visée par la droite ; la gauche – trop heureuse de jouer, sur ce coup, la partition de la tolérance – s'est empressée de souligner ce paradoxe. Et de rappeler que cette rhétorique était d'ordinaire celle du FN.
Il est vrai que le temps où seuls Jean-Marie Le Pen et ses pairs vitupéraient contre les joueurs de l'équipe de France de football – dits « de couleur » et coupables de ne pas s'époumoner sur la Marseillaise – est depuis longtemps révolu. Dans l'Hexagone, les procès en francité sont de plus en plus à la mode et n'épargnent plus les politiques. Que de fausses notes…