Le tube « Blurred Lines » de Robin Thicke (en featuring avec T.I et Pharrell) suscite une vive polémique au États-Unis. On reproche au texte et au clip de montrer des femmes entièrement soumises au bon vouloir des hommes et de faire l’apologie du viol.
Classé numéro 1 des ventes de singles en France et au Billboard Hot 100 américain, « Blurred Lines » fait un véritable carton. Avec son célèbre « I know you want it, You’re a good girl », et son rythme entraînant, la chanson a tout pour trotter dans la tête. Encore faut-il écouter un peu les paroles. Un homme y parle de la « timidité » d’une femme qui rêve d’une folle nuit de sexe, mais n’ose pas le dire, avant d'entonner « I know you want it, You’re a good girl » (« Je sais que tu en as envie. Tu es une gentille fille »). Un refrain douteux dans lequel les féministes américaines voient une célébration du viol.
C’est Lisa Huyne, blogueuse pour Feminist in L.A, qui est à l’origine de cette polémique : « Dites que je suis cynique, mais la phrase "I know you want it" n’évoque pas franchement la notion de consentement à l’activité sexuelle… Sérieusement, cette chanson est dégoûtante, même si elle est – il faut l’avouer - très entêtante », y écrit-elle.
De son côté le mannequin canadien Aimee Davison a publié une vidéo sur YouTube dans laquelle elle explique que « les femmes sont clairement utilisées comme des objets pour renforcer le statut des hommes dans la vidéo. Ils sont en position de contrôle [...] entièrement vêtus – alors que les femmes n’ont aucun statut et semblent enclines à être exploitées. » En effet dans la version non censurée du clip, on peut voir des mannequins topless se trémousser aux côtés de Robin Thicke et ses acolytes, dont Pharrell Williams.
Surnommé « Rape-y » (de « Rape », viol), le clip a provoqué un vaste débat dans les médias américains. Maura Johnston, la fondatrice du Maura Magazine citée par The Daily Beast, reconnaît que les paroles de la chanson sont « problématiques », mais pas plus que de nombreuses autres titres. Il s’agit plutôt d'un bon coup de marketing selon elle, car pour attirer, il faut savoir provoquer.
Quant au principal intéressé, Robin Thicke, il n'a rien arrangé en déclarant : « Les gens disent : "Hé, estimez-vous que cela est dégradant pour les femmes ?" Je réponds un truc du genre : "Bien sûr que ça l’est. C’est un plaisir de dégrader une femme. Je n’avais jamais appris à le faire avant. J’ai toujours respecté les femmes." » D'ailleurs, YouTube a décidé de retirer de sa plateforme la version du clip où les filles dansent topless pour ne garder que la version la moins dévêtue.
Elodie Cohen Solal
Voir le clip non censuré
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