L’affaire remonte en mars dernier. Comme le raconte le site Sciences et Avenir, un groupe de chercheurs international, travaillant au sein du projet « Background Imaging of Cosmic Extragalactic Polarization » (BICEP), avait annoncé détenir la preuve irréfutable que le Big Bang avait bel et bien eu lieu. Auparavant, seuls un faisceau d’indices faisait pencher la communauté scientifique dans le camp des « pro Big Bang » - parmi lesquels l’expansion de l’univers : des chercheurs ont par exemple réussi à montrer que les galaxies s’éloignent les unes des autres.
L’équipe scientifique du BICEP affirmait ainsi avoir mesuré la trace « fossile » de l’onde de choc provoqué par l’explosion originelle - une preuve irréfutable de l’existence du Big Bang. Par la même occasion, cette découverte devait inscrire dans le marbre la relativité générale d’Einstein, puisque celle-ci prévoyait que chaque fois que survient un déplacement important de masse, les ondes gravitationnelles se propagent dans l’ensemble de l’univers, un peu comme les vaguelettes à la surface de l’eau lorsque l’on y fait tomber un caillou.
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Malheureusement, tous les outils à la disposition des scientifiques n’ont jusqu’ici pas permis de détecter directement ce frisson intersidéral - qui devrait pourtant être là, si la théorie du Big Bang est valide. Le projet BICEP a donc pris une approche indirecte: puisqu’il n’était pas possible de « voir » directement les ondes gravitationnelles, il se sont penché sur les différences infimes de température dans le tréfonds de l’univers. L’idée c’est que les hypothétiques changements de masse induits par ces hypothétiques ondes gravitationnelles, impliquent forcément d’autres changements dans les ondes radio reçues sur la Terre, notamment dans la zone des micro-ondes. Et c’est là que le bas blesse.
Après avoir publié le résultat de leurs recherches, la communauté scientifique s’est penché sur les résultats de l'équipe du projet BICEP. Et, comme le souligne le site Gizmodo les chercheurs ont subi une avalanche de critiques. Le plus important de ces griefs, est que les observations de ces chercheurs ont pu être largement polluées par les poussières qui parsèment l’univers. En conséquence, ils ont re-publié le fruit de leurs recherches en ajoutant cette épitaphe: « Nous maintenons toujours que nos données mettent en avant un signal davantage causé par un phénomène cosmologique que par des particules de poussière cosmiques ».
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Et de préciser qu’ils n’ont en réalité aucune idée de leur degré d'erreur: « On ne sait pas vraiment quel est la part du signal causé par la poussière », et un peu plus loin, dans une note de bas de page, « les papiers [publiés pour critiquer les découvertes de BICEP, ndlr] suggèrent que le niveaux de contamination des résultats par des poussières pourrait être bien au-delà des modèles sur lesquels nous nous sommes appuyés ». Du coup, la communauté scientifique en revient au point de départ: jusqu’ici aucune preuve directe du Big Bang n’a pu être observée. Cela ne signifie bien évidemment pas que le Big Bang n’a jamais eu lieu, mais peut-être que les modèles employés pour le théoriser sont dépassés, ou encore qu'il reste à inventer une méthode d'observation plus sophistiquée.