Terrifiant mais vrai. À force d’inonder nos comptes Instagram, Twitter et Facebook d’autoportraits rigoureusement scrutés et savamment retouchés, on sait désormais par cœur que notre paupière gauche est un chouïa plus ridée que la droite et que notre nez paraît moins gros quand on tend notre profil gauche à l’objectif. Fatalement, on deviendrait aussi obsédé par notre paupière gauche et par notre nez et on pousserait bien plus facilement la porte des cliniques de chirurgie esthétique.
C’est du moins ce qu’affirme la plus grosse association dédiée à la chirurgie plastique du visage du monde - l’American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery – qui a publié, le 11 mars dernier, son rapport annuel pour 2013. Selon AAFPRS qui rassemble pas moins de 2 700 chirurgiens, « l’augmentation des selfies a un impact énorme sur l’industrie de la chirurgie plastique ».
« Les réseaux sociaux comme Instagram ou Snapchat, qui sont uniquement basés sur les photos, forcent les patients à passer leur image au microscope et les poussent souvent à avoir un œil plus critique », explique Edward Farrior, le président de l’AAFPRS. « Ces images sont souvent les premières que les jeunes mettent en avant pour rencontrer des amis, trouver l’amour ou un emploi et ils veulent se montrer sous leur meilleur jour. »
Conclusion, selon ce rapport, un tiers des chirurgiens interrogés auraient accueilli l’année passée un plus grand nombre de patients désireux d’avoir une meilleure apparence sur les réseaux sociaux. Ces spécialistes parlent d’une augmentation de 10% des rhinoplasties, de 7% des implants capillaires et de 6% des opérations de la paupière au cours de l’année 2013. Il semblerait également que la chirurgie attire de plus en plus les jeunes. En 2013, plus de la moitié des chirurgiens plasticiens du visage interrogés (58%) a observé une augmentation de la chirurgie des injections chez les moins de 30 ans.
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Le cyber-harcèlement enverrait aussi très tôt les jeunes chez le chirurgien. 69% des praticiens interrogés ont évoqué des patients enfants ou adolescents victimes de harcèlement et 31% d’entre eux ont été confrontés à des jeunes patients désireux de passer sous le bistouri… de peur d’être harcelés.
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