Jeanne d'Arc qui pousserait la chansonnette, serait vêtue des plus exubérants costumes ou évoluerait dans un monde blindé d'anachronismes, bande originale rock en fond sonore ? On peut s'attendre à tout face à ce projet improbable : la Pucelle d'Orléans revisitée... Par le réalisateur de Moulin Rouge !, Roméo + Juliette et Elvis.
Baz Luhrmann, car c'est l'homme qui nous intéresse, est passionné par Jeanne d'Arc. C'est pour cela qu'il va réaliser son rêve, transposer sur grand écran la Martyr. La promesse d'une épopée en guise de prochain film mais surtout, une oeuvre qui promet d'être étonnante.
Car quand il met en scène Elvis Presley, Luhrmann accole au King des morceaux de rap apparus bien des décennies plus tard. Et quand il transpose Shakespeare (avec un tout jeune Dicaprio) il modernise la tragédie à grands coups de flingues, de gangstas, et de clips MTV. Idem, son Gatsby le Magnifique voit le héros créé par Francis Scott Fitzgerald vivre ses fêtes mythiques sur le rythme du rap de Kanye West !
Mais pourquoi cette production Warner Bros. qui promet d'être très ambitieuse est-elle susceptible de se démarquer à ce point ? Il suffit de lire son pitch...
Improbable ou génial ?
On s'interroge face à ce projet, toujours est-il que l'angle choisi est pertinent : ce Jeanne d'Arc prendra en partie place pendant la guerre de Cent Ans et se définit d'emblée comme "l’histoire ultime du passage à l’âge adulte d’une adolescente", ainsi que le relate IndieWire via Warner.
En gros, Luhrmann veut faire de Jeanne d'Arc un personnage de teen movie, ou film pour ados. Comme l'étaient déjà en vérité les Roméo et Juliette de l'un de ses plus grands succès, interprétés par les jeunes Léonardo Dicaprio et Claire Danes à l'époque. Il faut juste replacer ce récit somme toute banal de "passage à l'âge adulte" sur fond de Guerre, de conflits sanglants, et d'appel divin !
Ce film qui ne devrait pas débarquer avant l'an prochain est très symbolique. Car cette nouvelle vision d'une figure Sainte est également l'énième transposition d'une femme très sacralisée au cinéma. Ce faisant, la "Joan of Arc" de Luhrmann devait envahir nos salles obscures près d'un siècle après La Passion de Jeanne d'Arc, le chef d'oeuvre muet de Carl Theodor Dreyer, film matriciel du septième art.
Film de Dreyer qu'adulait notamment Jean-Luc Godard, qui cligne de l'oeil dès son titre à la fameuse "Passion du Christ", et auquel un autre grand cinéaste, Chris Marker, dédiât ces mots : "La Passion de Jeanne d'Arc est le plus beau film du monde".