Si l'équipe iranienne de football brille actuellement à la Coupe d'Asie (trois victoires en autant de rencontres, ndlr) les instances du ballon rond de la République islamique semblent n'avoir que faire des performances sportives de la sélection. La fédération iranienne de football a décidé de se pencher sur un autre sujet : celui des supportrices.
En effet, la compétition se déroule en Australie, pays qui accueille une important communauté iranienne (70 000 personnes environ). Parmi ces expatriés, des femmes fans de football, dont le seul « méfait » est d'encourager l'Iran dans les tribunes dans des tenues que les autorités iraniennes jugent contraire aux bonnes moeurs. Comprenez T-shirt, débardeur ou encore jupe.
La loi en vigueur dans le pays, depuis la Révolution de 1979, oblige les femmes à porter des vêtements amples ainsi qu'un hijab, un voile couvrant les cheveux et la nuque. Résultat, la fédération a formellement interdit aux joueurs de se prendre en photo en compagnie de femmes de la communauté iranienne australienne.
« Nous n'autorisons pas les joueurs à poser avec des fans du sexe féminin pour des selfies, car il existe un danger que de telles photos soient utilisées politiquement contre notre pays », fait savoir Ali Akbar Mohamedzade, membre de la fédération iranienne de foot. Il prévient : « Les joueurs qui ne se plient pas à cette consigne auront des sanctions ».
Cette interdiction de selfies intervient quelques mois après que le centre du pays ait connu, en octobre dernier, une vague d'attaques à l'acide dans la région d'Ispahan contre des femmes jugées « mal voilées ». Des crimes condamnés par le président Hasan Rohani sur fond d'examen par le Parlement (conservateur) d'un projet de loi visant à donner davantage de pouvoir à la police iranienne et aux milices pour faire respecter le port du voile. Un texte finalement jugé anticonstitutionnel, selon l'agence officielle iranienne Irna.