C'est un rituel malheureusement trop courant. Débarqués au Costa Rica ou au Pérou, des touristes s'empressent de se faire prendre en photo avec des paresseux ou autres animaux sauvages dans les bras. Or, cette pratique est particulièrement nuisible pour ces animaux qui peuplent la forêt amazonienne, rapporte l'ONG World Animal Protection qui a récemment dévoilé une étude exhaustive des sites touristiques où les animaux sauvages sont exploités dans le cadre d'un business touristique. Selon l'étude, cette tendance qui fait fureur sur Instagram nuit considérablement au bien-être des animaux et pourrait même mettre leurs jours en danger.
L'étude révèle des pratiques sordides liées à ce tourisme en Amérique latine. Les paresseux de la forêt amazonienne, dont les touristes sont très friands, sont par exemple arrachés des arbres par les vendeurs de selfies. Or, cette espèce est faite pour vivre dans un univers calme et paisible, loin du bruit et de la foule. "Quand on les retire de leur arbre, on les condamne à une mort quasi certaine", explique le rapport. L'enquête de World Animal Protection rapporte par ailleurs que 35% des sites étudiés ont recours à la nourriture pour les attirer. "Cette attitude pourrait avoir un impact négatif à long terme sur leur organisme et sur leur comportement", alerte l'ONG.
D'après le rapport, 54% des 249 sites touristiques d'Amérique latine offrent un contact direct avec ces animaux. Les voyageurs diffusent ensuite allègrement leurs clichés de vacances sur le net. Depuis 2014, le nombre de selfies postés sur Instagram de touristes posant avec des animaux sauvages aurait augmenté de 292 %. "40 % sont des clichés où le touriste interagit de manière inappropriée avec l'animal", précise l'ONG.
Le problème, c'est qu'un grand nombre de touristes n'a aucune idée des dégâts qu'il cause indirectement lorsqu'il accepte de payer des tours opérateurs pour se faire photographier avec ces animaux. "L'ironie, c'est que le voyageur qui se prend en photo avec un animal est en général une personne qui aime les animaux, mais ne se rend pas compte qu'il contribue à leur maltraitance", a commenté Roberto Cabral, responsable de l'Agence brésilienne de l'environnement (Ibama), sollicité par l'AFP. Le réseau social Instagram n'impose aucune restriction quant à la publication de ces clichés sur sa plateforme. Pourtant, cette pratique demeure totalement illégale, rappelle Roberto Cabral.
Pour mettre fin à ces cruautés, World Animal Protection somme les gouvernements concernés de faire respecter les lois de protection des animaux en vigueur et incite Instagram à interdire la diffusion de ce type de photos. Une pétition circule également sur le site de l'ONG pour inviter les internautes à signer un code de bonne conduite. Elle rappelle notamment qu'un "bon selfie" n'implique aucun contact tactile avec l'animal et que celui-ci doit être photographié uniquement dans son milieu naturel.
De quoi réfléchir sérieusement quand l'envie nous prendra de partager notre aventure dans la jungle sur les réseaux sociaux.