En juin, c'est le Mois des Fiertés (ou Pride Month dans la langue de Shakespeare). Dans l'espace public, on milite pour le respect des droits et des libertés fondamentales des personnes LGBTQ, la fierté d'être soi et la solidarité. Comme une réponse aux discriminations systémiques et aux vagues d'homophobie, mais aussi de transphobie, qui pullulent notamment sur les réseaux sociaux.
Accompagner ces mouvements est déjà une preuve de soutien. Mais comment, en tant qu'allié·e hétérosexuel·le cisgenre, soutenir d'autant plus cette cause fondamentale ? Pas de panique, bien des conseils sont décochés par les associations et médias spécialisés à l'adresse de ce que l'on appelle les "straight allies" - allié·e·s cisgenres et hétérosexuel·le.
Petit guide pour une société meilleure.
Si elle porte en elle une valeur quasi héroïque, la notion "d'allié·e" ne doit cependant pas l'emporter sur la cause défendue - et par-là même, sur la parole des personnes discriminées. Celles-ci importent davantage que la mise en valeur de sa propre personne, dans les conversations entre amis et sur les réseaux sociaux.
A ce titre, le site de l'association américaine Glaad, à savoir la Gay & Lesbian Alliance Against Defamation (luttant contre les discriminations et les préjugés dont sont victimes les personnes LGBTQ), suggère de privilégier une oreille attentive et une écoute de tous les instants. "Soyez à l'écoute, soyez inclusif, invitez des amis LGBT à sortir avec vos amis et votre famille", recommande ainsi la plateforme. Une bienveillance qui invite au dialogue.
Soutenir les personnes LGBTQ c'est encore garantir que les associations et collectifs luttant pour le respect de leurs droits puissent perdurer. Inter-LGBT, la Fédération LGBTI+, SOS homophobie, l'Association des parents gays et lesbiens, Bi'Cause, Genres Pluriels... Nombreuses sont les organisations francophones qui depuis des années se consacrent à ce combat. Parcourir leurs sites permet de comprendre comment et où les aider, en attribuant des dons ponctuels ou réguliers, ou bien en devenant bénévoles.
Cette aide, comme l'indique le site Vox.com, passe aussi par l'intérêt porté aux oeuvres des artistes queer - littérature, peintures, revues, mais aussi festivals et événements culturels indépendants, etc. "Pour beaucoup d'entre nous, le soutien financier est ce qui est le plus important dans l'immédiat, comme acheter des livres et des zines d'auteurs queer et trans afin qu'ils puissent continuer leur travail", détaille ainsi Joan Dark, responsable de l'organisation d'événements et d'initiatives sociales.
Le soutien ne va pas sans l'introspection. Bien souvent, fustiger les discriminations implique de prendre conscience de ses propres préjugés. Le site de l'association Glaad nous invite d'ailleurs à "les affronter, même si cela met mal à l'aise". Il n'est effectivement pas très agréable d'observer en soi le caractère potentiellement déplacé et blessant d'une remarque, d'une attitude, d'une réflexion.
En discuter avec ses ami·e·s LGBTQ permet de mieux comprendre le pourquoi d'un comportement problématique. A travers ce rapport à soi, il convient d'avoir conscience de son privilège de personne "straight" : celui d'un·e hétérosexuel·le évoluant dans une société fondamentalement hétéronormée. Un constat qui exige tout un travail de déconstruction et d'apprentissage - s'instruire ne fait jamais de mal.
En ce sens, Vox.com nous invite à "comprendre l'adversité à laquelle les personnes LGBTQ sont confrontées" dans la vie de tous les jours. S'informer auprès d'associations, lire des articles, des livres, des témoignages, permet de mieux comprendre l'histoire de la communauté queer et son activisme, ainsi que les discriminations systémiques relatives au fait d'être homosexuel·le, lesbienne, transgenre, dans la rue, au travail.
A cela s'ajoute le conseil chaleureux d'Oprah Winfrey, via son média : "Soyez à l'aise d'être mal à l'aise". Comprendre, se pencher sur toutes ces questions peut entraîner des erreurs de formulations, de lexique, des réflexions maladroites. "Mais ce n'est pas grave", assure le site. Le tout est de les reconnaître.
L'humour est l'une des plus insidieuses manières de minorer des discriminations. C'est pour cela que déconstruire son rapport (et sa tolérance) aux blagues sexistes, beaufs, homophobes, n'a rien d'anodin. Dans une vidéo mise en ligne pour le Pride Month, le comédien britannique Simon Pegg (Shaun of the Dead, Mission Impossible 4, Star Trek) invite ainsi à délaisser l'expression "No Homo", employé par les mecs auprès de leurs amis suite à un compliment - par exemple. Un bel exemple d'amitié virile peu folichonne.
Réinterroger son rapport à l'humour, c'est aussi comprendre qu'il peut être offensant envers certaines personnes. Et donc, valoriser la parole desdites personnes par-delà la cacophonie du rire gras. Une mise en lumière des principales concernées indispensable quand il s'agit d'afficher son soutien.
Soutenir, c'est enfin profiter de sa visibilité et de son privilège pour relayer les témoignages, enquêtes, prises de parole des personnes queer, afin de garantir d'autant plus leur résonnance dans l'espace public et sur les réseaux sociaux. "Vous n'êtes pas responsable de la construction du système hétéronormé, mais vous êtes responsable de ce que vous faites de vos connaissances, de la façon dont vous avancez à partir de cela et de ce que vous faites avec votre privilège", analyse la thérapeute américaine Amelia Yankey sur le site d'Oprah.