Après avoir scandalisé les esprits-chagrins d'hier, Madonna s'en prend aujourd'hui au puritanisme deux point zéro : la fameuse censure inhérente aux algorithmes de Facebook et Instagram. Sur ces plateformes très populaires, les tétons féminins ne sont jamais les bienvenus, et ce sont bien souvent les militantes féministes qui en pâtissent. L'une des plus grandes popstars au monde le sait bien. C'est là l'objet de sa dernière publication.
L'espace d'un cliché granuleux au grain très Polaroid, l'interprète de Like a Virgin se dévoile en sous-vêtements, les seins apparents sous un soutien-gorge transparent, sa coiffure blonde masquant une partie de son visage. En mode rock'n'roll. Mais le plus éloquent, c'est évidemment son texte plein d'ironie : "pour tous ceux qui seraient offensés par cette photo, sachez que je suis diplômée de l'Université de 'J'en ai rien à foutre' !".
On présume que le message est bien passé, si l'on croit le quasi-million de likes accumulé en 24 heures à peine. On l'imagine, cette célébration spontanée de ce que Madonna décrit comme "[sa] garde-robe actuelle" est moins une énième provoc' qu'une manière d'assumer - encore et toujours - sa liberté. Quitte à faire rager les rageux.
Une propension au "J'en ai rien à foutre" qui n'a pas que ses bons côtés. Ainsi, l'on a pu volontiers s'interroger quant aux déclarations de l'artiste à propos du coronavirus. Se disant infectée par le Covid-19, la chanteuse avait évoqué sur ses réseaux une future balade en voiture, en plaisantant : "je vais prendre l'air, un grand bol de Covid". On est loin des conseils pleins de bon sens de Taylor Swift et de son "chat en quarantaine" Meredith.
Ici cependant, cette "fuck you attitude" bien à elle porte un tout autre discours, libérateur, féministe. Il n'y a qu'à voir la série de réactions suscitées par cet autoportrait audacieux. Dans les commentaires Instagram, des voix anonymes qualifient Madonna de "grand mère" en manque d'attention, l'invitent à la pudeur, disent de ce contenu qu'il est tout à fait "inapproprié" (à croire qu'ils parlent à la place d'Instagram), sans pour autant s'avouer offensés. Certains appellent même à voter Donald Trump, c'est dire le niveau. Un véritable petit festival.
Et si le temps d'un simple cliché, Madonna rétorquait à la fois au sexisme ordinaire, au "slut shaming" si banalisé sur les réseaux, à la censure, mais aussi à l'âgisme, ces remarques et discriminations inhérentes à celles et ceux qui ont passé le cap des cinquante ans ? On ose l'affirmer. Et cela mérite bien un petit like, non ?