Pourquoi établir un classement des 40 femmes leaders économiques de demain ? La réponse est simple : pour que nous, lecteurs, citoyens et acteurs du monde économique, sachions qu’elles existent, qu’elles sont prêtes à prendre encore plus de responsabilités, et que ce n’est pas parce qu’elles font partie de l’élite qu’elles n’ont pas d’équilibre de vie. Première du classement, Marguerite Bérard-Andrieu n’a pas demandé à devenir un « role model », et ne se sent pas d’écumer les cocktails et les réunions de femmes pour évangéliser le tout-Paris, mais elle salue l’initiative : « C’est une touche de rappel utile pour rendre visibles les profils féminins et ouvrir un peu plus la voie à d’autres ».
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La directrice générale adjointe du groupe BPCE confie avoir eu la chance d’être entourée de modèles féminins très stimulants et très impliqués dans leur vie professionnelle, à commencer par sa mère, qui a fait carrière dans la haute fonction publique pour devenir ensuite chef d’entreprise. « Dans ma jeunesse je trouvais normal qu’une femme puisse prétendre à des responsabilités élevées, et aujourd’hui je mesure l’impact de cet écosystème favorable ; je sais que ce n’est pas le cas de toutes les jeunes filles », dit-elle. Alors qu’elle est au comité de direction générale d’un groupe bancaire de taille mondiale qui a enregistré de très belles performances en 2013, elle revendique sa « normalité » et l’équilibre construit avec son mari pour gérer le pro et le perso. Mère d’un petit garçon de 4 ans et demi et enceinte de 7 mois et demi le jour de notre entretien, la maman avoue que le partage des tâches chez elle n’est plus une problématique, « mon mari fait preuve d’autant d’organisation que moi pour concilier les deux », et apparemment ça roule.
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Il faut dire que cette énarque, major de la promotion Léopold Sédar Senghor en 2004, passée par Sciences-Po et Princeton, s’est rodée au stress et à la pression dans les cabinets ministériels et à l’Élysée. Entrée en 2004 à l’Inspection des finances, elle a œuvré en tant que conseiller à la présidence de la République entre 2007 et 2010, puis dirigé le cabinet du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé Xavier Bertrand entre novembre 2010 et mai 2012. Ce qu’elle retire de ces six années au sommet de l’État ? « Une formation très positive », dit-elle, même si elle rappelle qu’il ne faut jamais oublier une chose : « en tant que conseiller, vous êtes en back office, et non dans la fosse aux lions comme les élus, la prise de risque n’est pas la même ». Elle estime que la vie en cabinet, au-delà des compétences de fond, vous forme à la réactivité, à la priorisation des dossiers et à la gestion de crise. Malgré ces prérogatives aussi palpitantes qu’éreintantes, elle ne regrette pas de ne plus entendre son téléphone sonner au milieu de la nuit…
Rejoindre le groupe BPCE était un choix, et comme toutes les décisions concernant sa carrière, elle l’a fait à l’instinct. « Le groupe m’attirait, les fondations de BPCE sur deux marques historiques et très fortes – les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne -, et l’ambition, après une phase de redressement et de construction engagée en 2009, d’en faire un groupe conquérant représentait un challenge très séduisant », dit-elle, avant d’ajouter que l’environnement bienveillant et « l’envie de travailler avec certaines personnes, en particulier François Pérol » avaient fait le reste. En tant que manager d’environ 150 collaborateurs, elle considère que son job est de « faire fonctionner le collectif », de garder « une vision un cran plus loin » et de la faire partager.
Elle pense que les femmes font preuve de beaucoup d’endurance et d’efficacité dans ce type de poste, mais reconnaît aussi qu’elles ont tendance à se créer leurs propres freins. En se mettant moins en avant par exemple, victimes (ou coupables ?) du fameux « syndrome de Cendrillon » : « travailler dur et sans compter en croyant qu’on viendra vous chercher pour vous féliciter et vous faire progresser », d’où une forte tendance à ne pas mettre en avant ses réussites…
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« Je suis assez consciente de ces écueils et je pense que le meilleur remède est de se faire conseiller, et de se diriger vers un environnement propice, avec des gens qui croient en vous », déclare-t-elle en soulignant qu’au sein du groupe BPCE, des objectifs de parité ont été fixés dans le plan stratégique. Pour elle, les méthodes les plus concrètes sont les meilleures, comme la décision du Groupe d’élargir pour les femmes la limite d’âge de candidature pour les promotions internes, ou d’assouplir la politique de mobilité dans le Groupe pour inciter les femmes à candidater, en autorisant une mobilité régionale. On est loin d’une quelconque discrimination positive, et les femmes doivent accomplir le même cursus que les hommes pour progresser, « tout est une question d’intelligence de situation », conclut cette pragmatique.
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