Comme chaque année, les chiffres font mal. Mercredi 10 juin, un rapport établi conjointement par la police, la gendarmerie et le ministère de l'Intérieur a révélé qu'en 2014, 143 personnes étaient décédées, victimes de leurs conjoints. Parmi elles, 118 femmes.
Le chiffre, s'il reste encore trop élevé, marque une sensible baisse par rapport à l'année précédente. En 2013, elles étaient 121. Il s'agit même de la valeur la plus faible depuis 2010.
En moyenne, une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon. Selon le rapport annuel fourni par le ministère de l'intérieur, sur les 118 femmes décédées en 2014, 17 d'entre elles (soit 14,5%) avaient également commis antérieurement des violences sur leur partenaire. Dans la majorité des cas, les décès enregistrés ont lieu au sein de couples mariés (56%). Les couples en concubinage représentent eux 33% des cas. Les violences conjugales concernent également les couples divorcés ou séparés, puisqu'ils comptent pour 11% des cas.
Mais si les femmes constituent l'extrême majorité des 143 personnes tuées par leur conjoint, le rapport n'oublie pas de mentionner les 23 hommes qui ont perdu la vie, victimes de leur compagne. Sur les 23 femmes auteures d'homicides, 5 subissaient des violences de la part de leur partenaire (soit près de 22%).
Concernant les moyens utlisés par l'agresseur, le rapport dévoile que ce dernier utilise dans les trois quart des cas une arme blanche, voire une arme à feu. Strangulation, coups de poing ou de pied, empoisonnement ou défenestration sont également parmi les actes qui ont provoqué la mort du conjoint. Si pour chaque cas, les causes de l'agression sont complexes, l'enquête du ministère établit toutefois que le refus de la séparation reste la cause majeure du passage à l'acte chez les hommes, devant la dispute. Du côté des femmes, la dispute reste le motif le plus courant.
A l'annonce de ces chiffres, la ministre des Affaires sociales et de la santé Marisol Touraine, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes Pascale Boistard ont rappelé dans un communiqué que le quatrième plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes avait été mis en place en 2014.
Les membres du gouvernement ont par ailleurs précisé qu'une "évaluation des dispositifs existants de prévention des violences faites aux femmes et de soutien aux victimes" allait être mise en place. Elle sera confiée à Fatiha Benatsou, la préfète coordinatrice de la mission permanente d'évaluation de la politique de prévention de la délinquance auprès du Premier Ministre.
Rappelons enfin qu'il existe un service d'écoute anonyme et gratuit mis à disposition de tous en cas de violences. Ce spot du ministère des Droits des femmes, diffusé le 25 novembre dernier pour la journée contre les violences faites aux femmes, invite ainsi à composer le 39 19 pour obtenir de l'aide.