Il devait être le point d'orgue de l'entre-deux tours des municipales à Paris. Le débat entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo s'est davantage apparenté à un échange d'invectives et d'accusations réciproques de mensonge qu'à une confrontation programmatique. Résultat : un sentiment de cacophonie et des animateurs pour le moins débordés, comme l'atteste la sortie de Marc-Olivier Fogiel après 45 minutes d'échanges houleux. « Stoooop ! En régie on nous dit qu'on ne comprend rien, vous parlez l'une sur l'autre », a tonné le présentateur de RTL.
« Attentat contre la vérité » vs. « ministre du diesel et de l'enfumage »
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Après avoir mis en avant son « rapport à la vérité » et son « indépendance », la candidate UMP a systématiquement accusé de « mensonge » sa rivale socialiste à la mairie de Paris. Ainsi, les « vous mentez », « c'est faux », « open bar sur les mensonges » et autres « c'est un attentat contre la vérité », ont ponctué les interventions de NKM en direction d'Anne Hidalgo.
En guise de réponse, la première-adjointe de Bertrand Delanoë a pilonné l'ex-maire de Longjumeau (Essonne). « Vous êtes dans le "bashing" permanent de Paris », a asséné Anne Hidalgo. Et la socialiste de lancer à l'ancienne ministre de l'Environnement de Nicolas Sarkozy : « Vous êtes la ministre du diesel et de l'enfumage », avant d'employer, à son tour, le champ lexical de la vérité en lançant des accusations de « bidouillage » sur l'évolution du nombre de fonctionnaires de police à Paris.
Hidalgo vante son « agence du logement », NKM prône « la révolution des horaires »
Sur le fond, quand il en a été question, les deux candidates à la succession de Bertrand Delanoë ont annoncé leur première mesure respective en faveur de la capitale. « Ma première décision, c'est d'engager la mobilisation pour le logement », a lancé Anne Hidalgo. « Je mobiliserai les terrains disponibles, j'irai transformer les bureaux en logements ». Pour ce faire, l'élue parisienne a rappelé son intention de mettre en place une « agence public-privé » du logement.
La candidate UMP a quant à elle plaidé pour une « révolution des horaires » pour « une ville qui donne de l'énergie à ses habitants plutôt qu'elle leur en prend, qui s'adapte à leur rythme plutôt qu'elle leur demande de s'adapter à elle ». L'ancienne porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy a évoqué une extension des horaires dans les crèches, les métros et les commerces, qu'elle veut « ouverts plus largement le dimanche ».
Difficile de dire qui des deux prétendantes à l'Hôtel de ville est sortie gagnante de cette échange d'amabilités. Seule indication pour l'heure, un sondage réalisé sur le site d'iTélé : 60% des votants disent avoir été convaincus par NKM contre 34% pour Hidalgo (4% ont répondu « ni l'une, ni l'autre »). Une consultation à prendre avec des pincettes, puisqu'elle ne concerne que 2 900 votants non issus d'un échantillon représentatif. Dans les faits et malgré l'arrivée en tête de NKM au premier tour des municipales, dimanche 24 mars (35,64% des suffrages exprimés, en moyenne sur les 20 arrondissements, contre 34,4% à Hidalgo), la gauche semble en position de conserver les arrondissements clés de la capitale, dont le XIVe et le XIIe, essentiels pour la socialiste si elle veut garder Paris.