"Que signifieraient quatre années supplémentaires de Trump pour les femmes ?". Ca, c'est la question cruciale que se pose un grand média outre atlantique : The Atlantic, justement. La presse américaine s'interroge à juste titre sur cette possibilité qui n'a rien d'une aberrante théorie.
Effectivement, en cette année de course à la présidentielle américaine, rares sont ceux qui semblent croire en une nouvelle victoire du démocrate Joe Biden. Plus nombreuses sont les voix à désirer son désistement. Au profit, par exemple, d'une figure qui suscite une relative unanimité au sein du peuple états-unien : Michelle Obama, ex First Lady mais surtout avocate, autrice, femme d'affaires et "role model" parmi les plus inspirants qui soient.
Mais alors que le Parti Démocrate doit encore faire acte de sa décision à ce sujet en août prochain, les politologues et journalistes américains ne perdent pas de temps : ils souhaitent alerter public et lectorat - mais surtout : électeurs - quant à l'assurance concrète et très inquiétante d'une future présidence Trump. Donald Trump, républicain hyper conservateur connu pour ses saillies sexistes, mais aussi pour ce que son règne, et les nominations diverses accordées durant celui-ci, ont eu comme conséquences : une répression redoublée envers la possibilité du droit à l'avortement par exemple, amplifiée depuis la révocation par la Cour Suprême de l'historique arrêt Roe vs Wade.
Alors, que faut-il redouter d'un "Trump Président, chapitre 2" ?
Quiconque a suivi les quatre années de présidence Trump connaît ses prises de position à l'égard des femmes, de la communauté LGBTQ, des personnes transgenres... Et alors que s'achève la présidence Biden, le candidat républicain et ex vedette de téléréalité vient d'être reconnu coupable de 34 délits dans l'affaire hyper médiatisée qui l'oppose à l'ancienne star du X Stormy Daniels. Une affaire que les médias abordaient déjà largement... En 2016. Et dont la Cour suprême a repoussé pour un temps la finalité.
Si l'on pense aux effets concrets de ce règne sur la nation américaine, comme la mise à mal catastrophique du droit à l'avortement, quatre années supplémentaires pourraient-elles réellement empirer les choses ? Cela ne fait aucun doute, assène The Atlantic : "ce qui est le plus effrayant à propos d’une éventuelle seconde présidence de Trump, c’est qu’il ne serait certainement plus contrôlé par personne. Avant, l'un de ses conseillers pouvait encore penser pouvoir tempérer ses pires instincts. Or, les conseillers qui sont restés à ses côtés sont ceux qui à l'inverse renforcent ses impulsions les plus sombres, comme Jason Miller".
Et si Donald Trump pourrait faire d'autant plus de dégâts en 2024, c'est parce que la société a aussi évolué. Pas forcément dans le bon sens du terme. The Atlantic déplore ainsi la popularité sur une plateforme comme TikTok, devenue LE réseau des jeunes générations (la fameuse génération Z) des contenus masculinistes les plus nauséeux et dangereux.
Autrement dit, des vlogs cultivant la haine des femmes sous couvert de virilité mystifiée avec laquelle renouer. Contenus que TikTok rend naturellement viraux de par la particularité de l'algorithme, mais aussi la durée hyper condensée des vidéos en question. "À l’heure actuelle, la misogynie s’est propagée dans pratiquement tous les domaines d’Internet", s'alarme le média.
"Sur les réseaux sociaux, les jeunes garçons sont désormais inondés de discours selon lesquels les seules qualités qui méritent d’être valorisées chez les femmes sont la désirabilité sexuelle et la soumission – une vision du monde qui correspond parfaitement à celle de Trump. La misogynie est la seule idéologie que Donald Trump n’a jamais changée, son seul credo inébranlable. Chercher à dominer les autres avec ses supposées prouesses sexuelles et proférer haut et fort son dégoût pour les femmes qu’il ne désire pas est son modus operandi depuis des décennies", observe avec minutie le média qui constate une victoire idéologique de cette misogynie que Donald Trump prône à l'instar d'une véritable... Politique.
L'analogie limpide entre Donald Trump et les influenceurs masculinistes, c'est la solidité de leur fanbase. Scandales, accusations et jugements aux tribunaux, saillies misogynes, rien ne semble avoir perturbé depuis sa précédente victoire et malgré quatre années de présidence l'assemblée toujours aussi vive des supporters de Donald Trump, loin d'avoir mis au placard leurs emblématiques casquettes rouges.
Rien ne les atteint, pas même, relève The Atlantic, "les plus de 25 femmes qui ont accusé Trump d’agression sexuelle ou de mauvaise conduite, et les innombrables autres qui ont subi du vitriol public et des menaces de mort après avoir été prises pour cible par lui".
Dès lors, le come back fracassant de Donald Trump à la Maison Blanche apparaît-il déjà comme une évidence ? En tout cas, les prochains mois seront absolument cruciaux pour renverser le vapeur.