49 % des suffrages. C'est un score historique que vient de remporter le Parti travailliste lors des élections législatives du 17 octobre dernier. La presse locale, comme l'énonce Courrier International, parle même de "raz-de-marée", de "sommets vertigineux" atteints haut la main ou encore de "victoire extraordinaire". Excusez du peu. Et ce n'est pas qu'une question de "Labour" : c'est la première fois qu'un parti politique du pays peut revendiquer un tel triomphe.
Une date à inscrire dans le marbre. "Ce soir, la Nouvelle-Zélande a montré au Parti travailliste son plus grand soutien depuis au moins 50 ans. Et je peux vous le promettre: nous serons un parti qui gouvernera pour chaque Néo-Zélandais", s'est enthousiasmée la Première ministre Jacinta Ardern, triomphalement réélue, lors de sa première déclaration post-résultats rapportée par CNN. De quoi clouer le bec du Parti national, opposant politique ouvertement libéral et conservateur.
Mais comment expliquer ce triomphe ? Le journaliste politique Justin Giovannetti a bien sa petite idée. Il l'explique à la chaîne américaine : "Le style de communication clair de Jacinta Ardern a été salué dans le monde entier [durant le confinement]. Les Néo-Zélandais se sont investis dans cette campagne électorale après avoir passé des heures à regarder la Première ministre, quotidiennement à la télévision, lors de ses points presse".
La lutte contre le coronavirus révèle la lucidité des dirigeants et dirigeantes. Si certains perdent en crédibilité et en électorat potentiel après tous ces mois de prise en charge de la crise sanitaire (un certain milliardaire aux cheveux oranges par exemple), d'autres y dévoilent l'étendue de leur clairvoyance. Et dans ce domaine, la Première ministre néo-zélandaise semble faire l'unanimité : on parle carrément de "leçon de leadership".
Mais c'est quoi, une leçon de leardership ? Des mesures claires annoncées dès le mois de mars, dont une injonction, limpide : "Restez à la maison pour sauver des vies". Un confinement national mis en place le 23 du même mois, dans le respect des recommandations expertes des épidémiologistes. Un choix des expressions employées ("sauver des vies") également, qui mettent davantage l'accent sur l'espoir et la responsabilité collective que sur l'alarmisme et le paternalisme. A l'adresse des citoyens enfin, une mise en avant de l'interaction la plus connectée, par le biais de live sur les réseaux sociaux en compagnie de psychologues notamment.
Bref, un habile mélange de mots et d'actes qui a fait de la politicienne un véritable "role model" à l'heure d'une considérable crise à la fois sanitaire, économique et sociale. "Jacinda Ardern reconnaît ouvertement les défis auxquels nous sommes tous confrontés, des bouleversements de la vie familiale et professionnelle aux cas des personnes incapables d'assister aux funérailles de leurs proches", affirmait en avril dernier la revue en ligne Ms. Magazine. Par ailleurs, elle a également pris à bras le corps la gestion de la seconde vague de l'épidémie et l'a même anticipée. Après un reconfinement de trois semaines à la mi-août à Auckland, la plus grande ville du pays, la Première ministre avait levé les restrictions, annonçant que la Nouvelle-Zélande avait "de nouveau battu le virus".
Résultats de cette gestion ? On dénombre seulement 25 décès dus au coronavirus dans le pays, et ce alors que, il y a six mois déjà, le nombre de cas de contamination dépassait le pic des 1 000.
Plus que satisfaisant donc. Mais certaines voix incitent à la modération. Comme l'éditorialiste néo-zélandais Luke Malpass, qui rappelle que "le premier défi du gouvernement sera désormais de parvenir à contenir le chômage et reconstruire le pays après le Covid-19 sans faire exploser la dette nationale". Un challenge ambitieux puisqu'il impliquerait des milliards de dollars. Pas de quoi refroidir les soutiens les plus catégoriques cependant. Comme les sites de business, le magazine britannique Management Today en amont, qui insistent sur sa "vision empathique de la crise du coronavirus", à même d'inspirer jeunes filles, politiciennes et cheffes d'entreprise.
En avril dernier, le magazine Forbes l'affirmait : Les femmes leadeures gèrent mieux cette crise sanitaires que les hommes. A l'appui, le "cas" Jacinda Ardern, mais aussi les initiatives de la chancelière allemande Angela Merkel et de la Première ministre de Finlande Sanna Marin. Des exemples à suivre ?