Les études sur la parité au travail et la place laissée aux talents des femmes dans l'entreprise se suivent et, hélas, se ressemblent encore trop. C'est ce qui frappe dans ce nouveau rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) publié lundi 12 janvier. Intitulé « Femmes d'affaires et femmes cadres : une montée en puissance », cette étude s'est penchée sur la promotion des femmes dirigeantes dans 108 pays ces dix dernières années et en tire des résultats pour le moins contrastés.
À première vue, les conclusions du rapport semblent plutôt encourageantes : ces dix dernières années, en effet, la proportion de femmes cadres a significativement augmenté dans 69 des 90 pays pour lesquels le Bureau International du Travail (BIT) disposait de données. Ainsi, première surprise, ce n'est ni un pays de l'Union européenne, ni les États-Unis où le nombre de femmes cadres est le plus important, mais la Jamaïque, avec 59,3% de femmes occupant les postes de direction. Elle est suivie par la Colombie (53,1%) et Sainte-Lucie (52,3%).
La France occupe quant à elle la 24e place du classement avec 39,4% de femmes aux postes de direction, derrière les États-Unis (42,7%), mais devant le Canada (36,2%) et le Danemark (28,4%). Toutefois, dans 21 pays, le nombre de femmes cadres a en fait diminué bien que leur taux d'activité augmente et que leur niveau d'études soit plus élevé. C'est le cas de l'Algérie (4,9%), du Pakistan (3%) et du Yémen (2,1%), bons derniers en matière de parité.
Les femmes continuent aussi d'être « écartées de la prise de décisions économiques à haut niveau », et donc des conseils d'administration des grandes entreprises. Dans les entreprises cotées en bourse, moins de 5% des dirigeants sont des femmes, tous pays confondus. « Bien que les femmes cadres et les femmes chefs d'entreprise soient beaucoup plus nombreuses depuis les 20 dernières années, toutes les sources de données et les analyses font état d'une pénurie constante de femmes aux postes directionnels au sommet de la hiérarchie (directrices générales et membres du conseil d'administration », note l'OIT, qui ajoute que « la situation n'est pas meilleure dans le domaine politique : on comptait en avril 2014 21,9% de députées élues au niveau mondial, et, en mars 2014, on ne dénombrait que 18 femmes chefs d'État ».
Selon une enquête réalisée par l'institut Catalyst en 2013 et citée par l'OIT, seuls quatre pays (Finlande, Grande-Bretagne, Norvège et Suède) comptent plus de 20% de femmes dans les conseils d'administration. Les femmes sont entre 10 et 20% dans 13 pays, parmi lesquels la France, les États-Unis, la Suisse ou l'Allemagne. Dans 14 pays (Belgique, Chine, Italie, Espagne), elles sont entre 5 et 10% et moins de 5% dans 13 autres pays comme l'Inde, le Japon, la Russie ou de nombreux pays de la péninsule arabique.
Comment expliquer que les femmes soient encore aujourd'hui si peu nombreuses à occuper des postes directionnels ? Pour l'OIT, c'est que « leur expérience en matière d'encadrement n'est pas suffisamment diversifiée […] La concentration des femmes dans certains types de postes de direction reflète le phénomène des « murs de verre », qui est une ségrégation dont sont victimes les femmes qui veulent devenir cadres. Bien que les femmes aient accès à un grand nombre de postes de direction, elles ont tendance à être regroupées dans certaines fonctions d'encadrement » : les ressources humaines, les relations publique, la gestion des communications, et enfin la finance et l'administration.
Pour Deborah France-Massin, la directrice du Bureau des activités pour les employeurs de l'OIT, « il est essentiel que plus de femmes atteignent des positions de cadres supérieurs dans les domaines stratégiques afin de constituer un vivier de possibles candidates aux plus hauts postes comme PDG ou présidents de sociétés ». D'autant, rappelle-t-elle, qu'un « nombre grandissant d'études montrent aussi la corrélation positive entre la participation des femmes aux équipes et aux structures dirigeantes et la performance des entreprises ».
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