Le gouvernement travaillerait sur une « code de bonnes pratiques » de la vente de médicaments non prescrits sur Internet. Cette initiative, critiquée par l’Autorité de la concurrence et son président Bruno Lasserre, demande que les médicaments en ligne soient vendus au même prix que dans les officines. Un déséquilibre évident, puisque sur Internet, il faudra ajouter les frais de port. Les pharmaciens qui voudront se lancer dans le e-commerce devront également disposer d’un stock pour tous les produits mis en vente dans leur enseigne physique. Cité par le Figaro, Bruno Lasserre ne voit pas Internet comme un concurrent des pharmaciens de rue : « Au contraire, Internet est un gisement de croissance offert aux pharmaciens d'officine dynamiques et désireux de se moderniser. C'est aussi un moyen pour les consommateurs isolés ou manquant de temps d'avoir accès plus facilement aux médicaments ». La condition étant qu’il n’y ait pas de concurrence déloyale comme ce code de « bonnes pratiques » qui favorise l’inéquité par ses mesures « très dissuasives ». « En Grande-Bretagne et en Allemagne, où la vente des médicaments, même prescrits, est autorisée en ligne et pas seulement par les pharmaciens, il n'y a pas eu de drame sanitaire. La hausse des ventes en ligne de médicaments reste d'ailleurs modérée. »
L’Autorité de la concurrence lancera une vaste enquête sur les acteurs de la vente de médicaments en ligne et l’élaboration du prix final. Les laboratoires, grossistes-répartiteurs, pharmaciens seront particulièrement étudiés. Des centaines d’entretiens avec un accent sur les relations entre les grossistes, une profession « actuellement confrontée à des difficultés économiques » et les laboratoires sont prévus. Une consultation publique est également attendue afin de rendre un avis définitif en avril 2013. L’autorité de la concurrence a dans le viseur les laboratoires, parfois coupables de manipulations retardant la vente de génériques sur le marché. Sachant leurs produits phares condamnés par la perte du brevet les protégeant, certaines entreprises pharmaceutiques signent des accords avec des fabricants de génériques ou lancent même des campagnes de dénigrement. Cependant, l’organisme n’a pas pour vocation de s’investir dans un rôle de policier du médicament, mais plutôt de conseil : « Dans le domaine de l'information, de l'organisation des campagnes de vente, il pourra s'agir de préconisations pour que l'information diffusée par les visiteurs médicaux soit la plus objective possible », précise Bruno Lasserre.
Salima Bahia
Pharmacie en ligne : quels médicaments peut-on acheter ?
Pharmacie en ligne : danger ou progrès ?
Médicaments sur Internet : la moitié des ventes seraient des contrefaçons