Le dispositif est inscrit dans le Code du travail depuis 2009 mais reste peu connu en France où le prêt de salarié est surtout pratiqué dans les grandes entreprises. L’idée ? Échanger les employés entre les entreprises soumises à la saisonnalité ou en période de difficulté : la société en difficulté peut ainsi réduire ses coûts quand celle en manque de main d’œuvre n’aura pas à payer les frais d’une boîte d’intérim, par exemple. Deux conditions toutefois à cette pratique : le volontariat des salariés et l’aspect non-lucratif de l’opération. L’entreprise prêteuse ne doit, en somme, pas gagner d’argent dans l’échange. Ainsi, cette dernière continue à payer ses salariés et facturent les jours mobilisés et les charges afférentes aux receveurs.
Une société, flexojob.com, a décidé de développer le concept en faisant le lien entre les entreprises et notamment les plus petites (moins de 20 salariés). « Les artisans et les salariés peu qualifiés dans des secteurs peu compétitifs sont les premiers concernés », expliquait au Figaro, le créateur, Christophe Japiot. Ainsi, ces dernières s’inscrivent sur le site et flexojob.com fait le lien entre leurs besoins. L’employeur « a l'avantage de garder des gens qu'il connaît et de pouvoir s'alléger de leur présence le jour où il n'a plus d'activité » expliquait-il ainsi au micro d’Europe 1. Et c’est là la grande ambition de flexojob.com : miser sur la flexibilité pour éviter le licenciement. Ainsi, selon les informations d’Europe 1, certains patrons emprunteurs estimeraient que le prêt de salariés couterait 80% moins cher qu’une mission en intérim.
Mais reste encore la question du salarié : si cette pratique ne peut avoir lieu qu’avec son accord, quel avantage a-t-il à en tirer ? Laurent Leguil, avocat à Paris en droit social, interrogé par France 24 affirme ainsi que si le salarié peut légalement conserver son travail dans la société prêteuse, « il peut depuis une loi de 2012 être réaffecté à un poste équivalent au lieu de retrouver son ancien poste ». Mais pour Christophe Japiot, s’il concède que « l’employeur est en position de force », il estime qu’il s’agit là d’un moindre mal : « Selon un sondage Ipsos, pour éviter d’être licencié, un salarié est prêt à renoncer aux 35 heures, à accepter un gel des salaires, et même à endurer une période de chômage partiel ! Je pense que le prêt de salariés est largement plus avantageux ».
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