Le changement est subtil, mais a une importante force symbolique. La ligne de démarcation entre la Crimée et l’Ukraine est passée d’une ligne en pointillés symbolisant une zone à forte autonomie ou disputée territorialement à une ligne continue - entérinant au passage l’annexion de la Crimée par la Russie. Dans le même temps, la frontière entre la Russie, à l’est, et la péninsule, a été effacée. Ni l’indépendance de la péninsule, ni son annexion ne sont pourtant reconnues par la plupart des Etats. Google a donc choisi de ne refléter le changement que sur la version Russe de son site.
« Les cartographes de Google font tout leur possible pour offrir des cartes objectives dans les zones disputées […] Dans les pays où nous avons des versions locales de notre plateforme, nous suivons les lois locales concernant les frontières et les noms géographiques », explique Svetlana Anurova, porte-parole de Google en Russie, citée par l’agence de presse officielle ITAR-TASS. Ce que relève le site américain Mashable c’est le relativisme géographique pratiqué par Google: « On découvre que Google décide quelle vérité géopolitique vous montrer en fonction de la version locale du service que vous utilisez ». Et de montrer une version Ukrainienne du service qui montre une ligne de démarcation à peine visible, la Crimée étant encore officiellement une région (un oblast) du pays.
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Le site d’information Russe Russia Today relève toutefois que le changement reste pour l’instant partiel, puisque Google Maps Russie marque toujours la capitale de Crimée comme étant « Simferopol, Crimée, Ukraine ». On trouve, notamment sur le pourtour de la Russie, de nombreuses zones de disputes territoriales dans lesquelles Google Maps affiche différentes lignes de démarcation en fonction de la version du service utilisée. C’est le cas notamment en Géorgie, où des zones contrôlées par les autorités Russes ne sont pas montrées dans les versions occidentales du service.