Si lors de leurs entretiens d’embauche, les recruteurs se défendent de discriminer quiconque en raison de son sexe, de son âge, de son lieu de résidence, de ses origines ou d’un handicap, dans les faits, le critère du sexe notamment est rarement neutre. C’est ce que démontre une étude menée auprès d’une trentaine d’employeurs (hommes et femmes) de la région Paca par le Centre d'études et de recherche sur les qualifications (Céreq).
En effet, tout un ensemble de traits de personnalité encore assignés « naturellement » aux hommes ou aux femmes pèse lourdement dans la procédure de sélection. Les femmes seraient ainsi « pédagogues, douces, organisées » mais « moins disponibles ». Pour les recruteurs interrogés, elles seraient par ailleurs « d'excellents managers, et surtout d'excellents pédagogues » qui « savent faire passer beaucoup de choses avec de la douceur ». Et si elles sont « moins disponibles en temps, en revanche, elles sont beaucoup plus organisées que les hommes ». D’autres employeurs, plus acerbes, n’hésitent pas à remettre en cause leur capacité à travailler ensemble : « Il n’y avait que des nanas dans l’équipe, on se serait cru dans un poulailler ! Ça se volait dans les plumes du matin au soir », ont ainsi entendu les enquêteurs.
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Certains responsables RH justifient quant à eux les inégalités de traitement par la nature du poste auquel les candidates postulent. « Quoiqu'on en dise, il y a des métiers pour les hommes et d'autres pour les femmes. C'est comme ça, c'est tout ! », a ainsi tranché une sondée tandis que d’autres préfèrent nuancer leur propos, prétextant chercher à coller au mieux aux attentes de l’entreprise : « Pour le métier de commercial, c'est mieux d'être une femme parce que nos clients sont des hommes, du coup, c'est un peu plus facile ». Un recruteur justifie, lui, ses pratiques d’embauche par le secteur d’activité de la société : « On a peu de femmes dans nos équipes de commerciaux parce que l'alcool c'est un produit surtout masculin. »
Ainsi, dans la plupart des cas, les recruteurs légitiment les discriminations par un souci de valorisation des spécificités féminines - par opposition à celles des hommes - ou d’adéquation avec un secteur d’activité. Pour autant, comme le note le Céreq, c’est parfois la dimension de la charge familiale, réelle ou potentielle, des femmes qui « entrave clairement leur accès à certaines entreprises ». Le critère de la disponibilité est alors mis en avant pour justifier l’appréhension à les recruter ; la combinaison « sexe », « âge » et « situation matrimoniale » pouvant parfois être rédhibitoire pour les employeurs. Finalement, sur les 30 recruteurs rencontrés par le Céreq, seuls deux considèrent que le sexe des candidats n’a aucune incidence sur le choix de la personne effectivement embauchée.
À noter que cette étude a été présentée en amont de la première semaine de l’égalité professionnelle qui se tiendra du 14 au 20 octobre prochain.