Il était là, incroyablement timide, presque introverti, les épaules un peu baissées, le discours hésitant. Si Ryan Gosling était fidèle à son charisme fou dans un costume signé Gucci, sur scène, avant de présenter pour la première fois son film, nous étions face à un agneau apeuré. Sans doute aussi à cause des cris d’hystérie dans la salle. Mais les doutes se sont rapidement dissipés pour l’acteur qui a laissé place au réalisateur.
Car oui, le premier film de Ryan Gosling est dans l’ensemble une vraie réussite. Si le bellâtre a voulu prouver à Hollywood qu’il savait très bien filmer, c’est chose faite. L’esthétique de Lost River est absolument irréprochable, Gosling nous donne l’impression de nous enfoncer dans les méandres d’un cauchemar absolu où un plaisir coupable nous attend. Un subtile mélange entre les rêves sombres d’Harmony Korine (Gummo) et les fantaisies de David Lynch.
Sans parler du casting du long-métrage, parfaitement mené par la pulpeuse Christina Hendricks, les jeunes Saoirse Ronan et Ian de Caestecker (qui ressemble étrangement à Ryan Gosling lui-même), Eva Mendes, compagne de Gosling étrangement absente de la projection et de la montée des marches du film de son fiancé et l’effrayant Matt Smith. Un sans faute et des choix d’acteurs très vite justifiés pendant le film.
Seul petit bémol ? Des brides de scénarios qui nous échappent, parfois un peu laissées de côté pour mieux valoriser l’esthétique. Un petit faux-pas que les gens présent dans la salle du Palais des Festivals auront pardonné à Ryan Gosling, applaudi pendant plus de 10 minutes non stop au côté de son casting. Avec cette véritable standing ovation, l’acteur et désormais réalisateur peut donc souffler un peu. Ou juste un peu car les critiques qui ont suivi la projection furent pour le moins tranchées dans un sens comme dans l'autre.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à l'instar de son réalisateur, Lost River ne laisse a priori pas indifférent...
Aurélia Baranes