Qatar Airways a beau être classée comme la meilleure compagnie aérienne du monde en 2015, sa politique salariale ne vole, elle, pas très haut. Depuis le début de l'année, de nombreuses commentaires émanant de la Fédération internationale du transport (FIT) dénoncent les conditions de travail des hôtesses de la compagnie.
Principale critique adressée à la compagne aérienne nationale du Qatar : l'obligation pour les employées femmes d'obtenir "l'autorisation préalable de la compagnie si elles veulent changer d'état civil ou se marier". La FIT, qui regroupe plus de 600 syndicats dans 142 pays à travers le monde, va même plus loin et affirme que les conditions d'embauche vont jusqu'à imposer aux hôtesses de l'air d'être célibataires. Celles-ci devraient en effet signer un contrat dans lequel elles s'engagent à le rester cinq ans.
Face à ces accusations, le patron de la compagnie qatarie Akbar al-Baker, récemment élevé au grade d'Officier de la Légion d'honneur par François Hollande pour avoir contribué aux bonnes relations entre sa compagnie et Airbus, a vivement démenti tout manquement au droit du travail. "C'est un paquet de conneries", a-t-il déclaré sur la chaîne américaine CNN en février dernier. Selon le directeur général, les règles de travail au sein de sa compagnie sont "très progressistes", les 19.000 employés de l'entreprise bénéficiant de "tous les droits requis".
Mais la FIT ne s'arrête pas là et affirme depuis plusieurs mois que la compagnie se réserve le droit de licencier une employée en cas de grossesse. Un tel licenciement est considéré comme une infraction au contrat de travail, comme le rappelle la Convention n°183 sur la protection de la maternité, sur laquelle se base l'Organisation Internationale du Travail, mais aussi le Code du travail français. Ce dernier prévoir en effet, dans ses articles L1225-4 et L1225-5, qu' "aucun employeur ne peut rompre le contrat de travail d'une salariée lorsqu'elle est en état de grossesse médicalement constaté".
"Le traitement des salariés de Qatar Airways va beaucoup plus loin qu'une question de différence culturelle. Quand on en vient au droit des femmes, c'est la pire de toutes les compagnies aériennes", avait même déclaré Gabriel Mocho, secrétaire pour l'aviation civile de la FIT à l'agence Reuters.
Il y a quelques jours, l'OIT a condamné le licenciement automatique des personnels de cabine de Qatar Airways enceintes, exigeant la modification de leur contrat de travail. L'agence qui dépend de l'ONU a également demandé au gouvernement du Qatar qu'il "prenne des mesures pour encourager la compagnie à faire tous les efforts pour trouver un emploi de substitution temporaire pour les membres d'équipage qui ne peuvent plus voler ou leur proposer un congé".
La compagnie Qatar Airways n'est pas la seule à faire l'objet de virulentes critiques sur son respect des règles internationales en matière de travail. Dans une lettre rédigée en mars 2015, les syndicats de la "U.S. Travel Association" ont plus généralement dénoncé les pratiques des compagnies aériennes du Golfe Persique, parmi lesquelles Emirates, la plus importante compagnie des Émirats arabes unis et du Moyen-Orient, et Etihad Airways, la compagnie aérienne nationale des Émirats arabes unis. Là encore, il est question d'obligation pour le personnel d'obtenir une permission avant tout mariage ou projet de fonder une famille.
A ces problèmes s'ajoutent un nombre croissant de plaintes concernant la nature stressante du travail au sein de ces compagnies. En janvier 2015, l'ancienne membre d'équipage Carrie. A. Trey, qui travaillait au sein d'Emirates, a notamment raconté dans un long texte son quotidien d'hôtesse, pointant du doigt les horaires démentiels imposés par sa hiérarchie. "Je me souviens d'un vol de San Francisco à Dubaï qui a été dévié vers le Koweït. Nous avons été cloués au sol pendant 4 heures. Lorsque nous sommes arrivés à DubaÏ, cela faisait 24 heures que nous étions en service, avec trois heures de pause seulement", se souvient l'auteure du billet.
L'employée évoque également le système de récompense mis en place par certaines compagnies pour encourager le personnel à dénoncer les fautes de ses collègues. Des polémiques qui pourraient, malgré les bons résultats de ces sociétés, entacher la réputation de ces compagnies sur le long terme... et effacer le sourire de circonstance des hôtesses mises en scène dans leurs spots promotionnels.