Aujourd’hui surnommée « hyperbactérie du sexe », la gonorrhée répondait autrefois au délicat surnom de « chaude-pisse ». Elle touche hommes et femmes, sans distinction selon l’orientation sexuelle, et connaît une recrudescence ces dernières années. Rien de nouveau donc, et surtout pas de quoi établir de comparaisons avec le Sida ou évoquer un danger mondial, bien qu’elle ait des conséquences pouvant aller jusqu’à la stérilité.
La gonorrhée est causée par l’infection de gonocoques, des bactéries. La bactérie H014, souche de la gonorrhée n’est « pas plus virulente et ne se transmet pas plus facilement que les autres souches de gonocoques » précisent au Nouvel Obs le Dr Béatrice Berçot et le Pr Emmanuelle Cambau, du laboratoire associé au Centre national de référence des gonocoques. Ce qui inquiète, c’est la découverte nouvelle de sa résistance aux antibiotiques.
Les antibiotiques de la classe des céphalosporines de 3e génération (ceftriaxone) sont le traitement de référence, et la gonorrhée développe contre eux une multirésistance. En cause, la modification des souches de gonocoques en réaction aux traitements antibiotiques. Elles étaient déjà devenues résistantes à la pénicilline, à la tétracycline et aux quinolones. Les céphalosporines sont sa dernière victoire. Les dernières souches apparues, à l’instar de la bactérie H041, résistent alors au traitement de première intention. Une découverte qui remonte à juin 2012.
Les traitements thérapeutiques doivent suivre l’évolution des souches, et s’y adapter. « Afin d’éviter l’émergence d’autres souches de ce type, les recommandations européennes sont de traiter efficacement les patients avec des fortes doses d’antibiotiques par voie injectable. Les doses préconisées en Europe sont plus élevées que celles utilisées aux États-Unis » déclarent ainsi Béatrice Berçot et Emmanuelle Cambau. Des mesures de protection peuvent également être mises en place : en ayant des rapports sexuels protégés, le risque de contamination tombe. En cas de risque, il est également nécessaire de se faire dépister, la présence de gonocoques n’étant pas systématiquement révélée par des symptômes.
Victoria Houssay
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