Andrea Worldwide, de son pseudonyme, est une grande voyageuse. Elle a d'ailleurs tellement l'habitude de prendre l'avion qu'elle peut désormais accéder au lounge d'United Airlines - salon privé réservé aux clients les plus fidèles ou fortunés. Seulement après l'expérience qu'elle a vécue mi-janvier à l'aéroport international de Denver, elle risque de ne plus remettre les pieds dans un des appareils de la compagnie américaine.
"Je suis une femme active, qui emploie des centaines d'autres jeunes femmes actives, c'est pourquoi j'ai décidé de prendre position et de dénoncer le comportement inacceptable du personnel de United Airlines", entame-t-elle sur Facebook.
Alors qu'elle s'apprêtait à embarquer et patientait dans la queue, un steward lui a demandé de se mettre sur le côté. "Au début, je pensais que c'était parce que j'avais un billet déchiré, mais j'ai appris plus tard que c'était à cause de ce que je portais."
Elle se retrouve en marge de la file d'attente, dans l'incompréhension totale de ce qui lui arrive. Le membre de l'équipage n'a daigné lui donner qu'une information : il s'agit d'un souci de "dress code". S'en suivent alors vingt minutes d'échanges téléphoniques entre un autre steward et sa supérieure. Andrea précise qu'il y avait également deux hôtesses au comptoir à ce moment-là : "Elles me présentaient toutes deux des excuses, mais ne faisaient rien pour résoudre le problème."
Après quelques temps d'une attente rageante, la supérieure arrive. Elle se prénomme Monica, précise Andrea qui souhaite certainement que les membres du personnel impliqué·es dans l'incident soient identifié·es. "Lorsque je lui ai demandé plus d'informations sur ce qui se passait et pourquoi, elle s'est excusée mais m'a également fait remarquer que mon haut était bien 'trop révélateur', ce qui signifie que le steward de United a estimé qu'il était nécessaire de protéger les autres passagers de moi, ou qu'il voulait que je reste un peu plus longtemps pour pouvoir me reluquer pour son propre plaisir... Qui sait !", poursuit-elle, amère.
"En tant que femme, je suis incroyablement déçue par le commentaire de Monica et je me demande si United Airlines a une culture d'entreprise qui tolère ce type de harcèlement sexuel, ce qui aurait conditionné Monica dans sa réflexion sur la façon dont les femmes devraient s'habiller", s'insurge Andrea Worldwide. Elle écrit souhaiter partager son histoire pour qu'aucune autre femme ne "subisse la douleur, l'humiliation et le harcèlement que j'ai subis". Elle ne recevra qu'un avoir de 100 dollars en guise de dédommagement, somme qu'elle juge offensante.
Ce témoignage n'est malheureusement pas isolé. En avril 2019, plusieurs femmes ont publié des histoires similaires sur les réseaux sociaux. La journaliste et linguiste Laélia Veron s'était notamment vu bloqué le passage des toilettes à son siège par un steward de la compagnie Transavia qui jugeait que sa chemise n'était pas assez boutonnée. En juillet, une femme avait été humiliée de la même façon sur American Airlines.