"Je devais aller à l'extrême de ma personnalité"
Clara Morgane est aujourd'hui une artiste multifacettes. Grande experte de la danse et du cabaret, indissociable également de la photographie à travers son célèbre calendrier, créatrice de lingerie, la star est également autrice. En 2024, elle a d'ailleurs écrit son premier roman : Ne m’appelez pas Emmanuelle. Allusion à son vrai prénom. Mais pour autant, elle ne refuse pas de parler de son passé sulfureux, qui lui a valu célébrité certes, mais aussi insultes, préjugés, et invitations plus malveillantes qu'autre chose sur les plateaux télé...
Son passé d'actrice X, bien sûr.
C'est auprès de France 3 que l'artiste se livre à une confession intime et... Apaisée. "Je savais que je devais passer par là pour me trouver !... C'était mon destin", explique-t-elle aujourd'hui à propos de sa notoriété au sein des productions pour adultes. Et l'icône de se mettre à nu...
C'est l'espace d'un échange très introspectif que l'autrice s'effeuille, à propos de cette autre femme qu'elle a pu être : "C'était mon destin d'être Clara Morgane, mais ce n'est qu'une partie de ma personnalité... J'avais un profond désir de liberté. Ça cogne chez moi !... Je devais aller à l'extrême de ma personnalité"
Elle raconte également que ses privations durant sa jeunesse, sa frustration ("Je voulais partir de chez moi, il n'y avait pas une super ambiance"), et des choses familiales très intimes (des "blessures" qu'elle aborde, confie-t-elle, lors de "séances de psychanalyse salvatrices"), l'ont encouragé à choisir sa propre voie. Même si cela l'a confrontée des années durant, et bien après son exil du X, aux réflexions les plus misogynes. Des remarques que les travailleuses du sexe, ou TDS, ne connaissent que trop bien.
Ces remarques composent le slut shaming : le fait de juger une femme selon sa sexualité supposée. Et à travers elle, ses déclarations, ses tenues, ses attitudes. A cela, Clara Morgane rétorquait il y a déjà des années, et dans nos pages, par son mantra : "je prône le concept que la liberté est ce qu’il y a de plus féministe en tant que femme... C’est-à-dire qu’être libre et de pouvoir s’exprimer, de s’exhiber, d’être maman, tout à la fois, comme la sainte et la pute. Alors qu'on veut nous catégoriser, soit dans une catégorie soit dans l’autre".
Ce qu'évoque Clara Morgane, c'est le trope sexiste de "la maman ou la putain".
Ce même trope qu'une autre ancienne travailleuse du sexe, Zahia Dehar, qui aujourd'hui se revendique féministe pro-sexe, déboulonne volontiers. Zahia elle aussi dénonce la misogynie dont font notamment l'objet les femmes qui assument leur sexualité et leur désir : "la 'putophobie', la haine des putes, ou le slut shaming, c'est un vrai fléau de notre société, et qui n'est pas encore résolu !", détaille-t-elle dans cette courageuse prise de parole.
"On met les femmes dans des catégories et les femmes qui ont le malheur d’être dans cette catégorie de "mauvaises femmes", dans ces cas-là, la société leur fait payer un prix qui est énorme, qui est horrible.... Mais pourquoi être une p*te c'est mal ? Pourquoi être une traînée, c'est mal ? Personne ne m'a donné d'explication rationnelle à ce sujet"
"Très tôt, la société commençait déjà à nous dire à nous les filles : faites attention ! vous n'avez pas intérêt à être une mauvaise fille ! une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ? Ceux-là mêmes qui t'insultent, ils ne savent pas pourquoi c'est mal !"
Une opinion qui résonne à travers beaucoup d'expériences féminines. Récemment encore, c'est auprès de Konbini que Clara Morgane témoignait à ce propos, abordant son propre vécu : "J'ai été beaucoup jugée. Ça m'a donné beaucoup de force pour montrer au monde, à ma mère, que j'avais beaucoup à dire et beaucoup de projets..."
"Il y a eu des gens qui se sont demandés : comment j'allais expliquer mon parcours et ma vie à ma fille ? Mais ma fille, elle sait parfaitement qui je suis depuis toujours. On se parle énormément, chaque question mérite une réponse"