Depuis presque deux mois, la réalisatrice porno et autrice Olympe de G. mène une démarche engagée : celle de la "grève de l'hétérosexualité". Ou plutôt, de l'hétéronormativité, comme elle le précise au fil des textes qui développent sa pensée, postés sur Instagram. Une initiative qu'elle a entamée le 12 mars, et qui prend source dans son activisme militant. "Je défends publiquement depuis plusieurs années l'idée que même le plus intime de l'intime est politique", écrit-elle sur le réseau social. "Il est temps que j'étende ma prise de conscience à ce qu'il y a de plus intime pour moi : mes rêveries amoureuses."
Comme Virginie Despentes avant elle (en 2017, l'écrivaine affirmait au Monde que "Sortir de l'hétérosexualité a été un énorme soulagement"), l'autrice fait alors le voeu d'arrêter de se "contorsionner pour répondre aux attentes des hommes qui ont été, sont et seront dans ma vie". "J'arrête de consentir à n'être pas pleinement moi-même pour réussir ma vie hétéro, et qu'on accepte de former un partenariat amoureux avec moi", poursuit-elle. "J'arrête de porter la charge sexuelle de la séduction amoureuse, de la santé sexuelle, de la contraception, de la créativité érotique."
Elle l'assure, à 38 ans, elle "n'a jamais été en couple avec un homme qui s'intéresse profondément au féminisme, qui lit beaucoup pour désapprendre les biais et les stéréotypes sexistes". Jamais été "en couple avec un homme qui ne soit pas sur la défensive quand on parle féminicides, culture du viol, charge mentale et charge sexuelle". Et ces réactions systématiques l'épuisent, tant elles heurtent ses convictions et la poussent à militer jusque dans son couple, avec "douceur" pour ne pas blesser l'autre. Une fatigue - et un réflexe de temporisation - qui n'est malheureusement pas isolée.
Cependant, "grève de l'hétérosexualité" ne signifie pas mettre fin aux ébats avec des hommes cisgenres. Mais plutôt, Olympe de G. l'explique, "d'arrêter net tout effort à la minute où je m'aperçois que la relation d'individu à individu est déséquilibrée". A J-52, elle faisait état, encore une fois sur Instagram, de "courtes pensées" qu'elles souhaitaient partager. Sur le pouvoir, sur la légèreté, sur la décentralisation affective, ou encore sur le regard des hommes.
Elle disait : "J'arrive à un moment où le regard masculin sur mon corps ne me narcissise plus du tout. Quand des trucs de mon corps ne me plaisent pas, j'ai un vieux réflexe, celui de chercher une validation chez des mecs. Et puis en fait, ça ne marche plus. Il n'y a que mon regard à moi qui compte. Ça a toujours été comme ça, mais là c'est devenu évident. Alors je me regarde. Je me prends en photo. Je me maquille, de temps en temps. Je me suis racheté des vêtements. Je me drague, quoi ! C'est agréable."
Lors de son dernier bilan, au 58e jour, publié lundi 10 mai, l'autrice aborde sa sexualité. Et constate : "Je baise beaucoup plus qu'avant. Et même, parfois, je fais l'amour avec beaucoup d'émotion."
Ce qui change avec cette approche tournée vers ses propres désirs et la quête d'une réelle égalité sinon rien, c'est donc qu'elle ne s'encombre plus de rapports archaïques, oppressants, basés sur des réflexes profondément sexistes. Et pour tout cela, ce choix est à sérieusement envisager.