Le jury de la déontologie publicitaire a tranché : la campagne publicitaire de la Société mutualiste des étudiants de la région parisienne (Smerep) ne sera désormais plus diffusée. Réalisée par l'agence Lowe Strateus, cette dernière mettait en scène, à travers cinq spots diffusés depuis juin sur Internet et au cinéma, cinq portraits stéréotypés d'adolescents, dont Claire, une blondinette un brin écervelée qui a choisi de s'inscrire à la Smerep pour « recevoir un catalogue de tee-shirts ».
Des pubs sexistes et rétrogrades
Des spots qui n'ont visiblement pas plu à la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, qui a déposé au mois de juillet une plainte devant le jury de la déontologie publicitaire (JDP) contre la campagne qui « véhicule des stéréotypes dénigrants » en « proposant aux jeunes de rentrer dans des catégories figées et rétrogrades d'hommes sujets et de femmes objets ».
La ministre n'est d'ailleurs pas la seule à avoir tiqué : l'association Les Chiennes de garde, qui signale chaque année les publicités sexistes, et élit tous les ans le « macho de l'année », a elle aussi porté plainte. L'association a lancé une pétition sur change.org contre cette campagne de la Smerep qui « banalise les clichés sexistes ». Pour l'heure, cette dernière n'a récolté que 250 signatures.
Le JDP leur a donné raison en considérant la campagne comme dégradante pour les femmes, représentées « comme étant futiles, irréfléchies, sottes voire agressives ».
Une décision que conteste la Smerep. Cité par l'AFP, le vice-président de la mutuelle étudiante Pierre Faivre dénonce une « attaque » injustifiée. « Si c'est fait pour des raisons politiques, cela s'appelle de la censure », explique Pierre Faivre. « On fait une simple campagne de communication pour faire exister une marque, pour casser l'image de la sécurité sociale étudiante, et on se retrouve avec un procès d'intention sur des motifs que l'on trouve totalement déplacés », juge-t-il, avant de conclure : « Cette publicité avait été testée sur un public étudiant (…) elle faisait plutôt rire et n'a jamais choqué personne. » Dans la ligne de mire des accusations de la Smerep ? La Mutuelle des étudiants (LMDE), concurrente directe de la Smerep, considérée comme une sécu plus « à gauche ».
Interrogée par Le Monde, l'agence de publicité Lowe Strateus, qui a réalisé la campagne, estime pour sa part que les « jeunes qui voient ces publicités […] saisissent le second degré » tandis que les adultes, « plus engagés », « se plaisent à prendre cette publicité au premier degré et à inventer un scandale ».
La Smerep a de son côté décidé de contre-attaquer en lançant sur YouTube une nouvelle campagne sur le thème de la « censure publicitaire ». Reste à savoir si les internautes y seront suffisamment sensibles pour préférer la Smerep à la LMDE.
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