Lorsque Sophie Jovillard revient sur son parcours, ses yeux noisette pétillent et un large sourire éclaire son visage. Dès son plus jeune âge, la journaliste et animatrice de 38 ans sait que son métier sera en étroite relation avec les médias. Restait à savoir à quel point. Un bac + 4 en poche, elle poursuit ses études de communication à l’Ecole française des attachées de presse (Efap). Très vite, son goût pour l’audiovisuel s’aiguise. « Je me suis rendue compte que je voulais être de l’autre côté de la barrière », confie-t-elle. Originaire de la région lyonnaise, elle y acquiert sa première expérience dans les bureaux de RTL. « Ma formation devait durer deux mois. Je n’ai quitté RTL qu’un an plus tard. Munie d’un biper, je couvrais toutes sortes de sujets. J’ai par exemple suivi les manifestations anti-CIP alors que j’étais moi-même étudiante », sourit-elle. Une année riche et formatrice qui poussera la stagiaire à s'engager dans la voie du journalisme.
De la radio à la télévision
Après la radio, elle fait ses premiers pas à la télévision en 1995 sur Télé Lyon Métropole, une chaîne sur laquelle Yves Calvi et Frédéric Lopez, entre autres, ont également fait leurs armes. « TLM est une petite télévision locale (la plus ancienne de France, ndlr.) : tout y était donc à faire. Pour preuve, j’y suis arrivée en tant que stagiaire avant de devenir assistante de production et productrice le mois suivant. J’ai ensuite eu la responsabilité d’une deuxième puis d’une troisième émission. » La jeune lyonnaise signera son premier contrat de travail chez TLM lors de sa troisième année d’études. Et lorsqu’elle obtient son diplôme, elle est déjà aux commandes d’une émission. Elle animera en effet, pendant deux ans, CQFD, le magazine culturel, quotidien, et en direct de la chaîne, ainsi que d’autres émissions « très différentes les unes des autres ».
Sophie Jovillard est âgée d’une vingtaine d’années lorsqu’elle est débauchée par France Télévision pour produire des magazines de découverte qui prédestineront la suite de sa carrière. « J’ai beaucoup bougé : de France 3 Rhône-Alpes Auvergne à France 3 Franche-Comté pour finir à France 3 Méditerranée. J’y ai animé, produit ou coproduit plusieurs magazines consacrés à la découverte et au voyage comme « Une nuit en ville » où j’arpentais les rues d’une ville, la nuit, en compagnie d’un artiste. » Plus qu’un travail, réaliser ces émissions de A à Z est alors un réel plaisir pour Sophie Jovillard. Insatiable, elle travaille parallèlement, « à trois époques successives » de sa vie, sur la chaîne Voyage. Lors de sa dernière collaboration, alors qu’elle est chroniqueuse pour l’émission « Rêves de Comptoir » de Philippe Gildas, elle est contactée par France 5 pour animer « *Echappées Belles ».
Sophie Jovillard : The girl next door ?
« J’assure la présentation de ce programme de voyages depuis 2006. Nous sommes déjà dans… la sixième saison, semble-t-elle réaliser. Je n’ai pas vu le temps passer. C’est une superbe aventure et un vrai bonheur pour moi qui ai toujours rêvé de travailler sur France 5, la référence du groupe France Télévision. Cette chaîne a une aura particulière. Elle est synonyme de connaissances et de savoirs. J’admire l’intelligence de ses programmes. » La jeune femme s’estime d’autant plus chanceuse qu’elle n’a pas eu besoin de passer par la case casting pour convaincre. « J’avais rencontré les producteurs lorsque je travaillais sur Voyage. Lorsque ce nouveau projet s’est présenté, je cumulais déjà dix années d’expérience en télévision et, surtout, j’étais rompue aux émissions de découverte ». Des points qui ont sans doute pesé dans la balance lorsque les producteurs et la chaîne l’ont choisie, à l’unanimité, pour être le visage féminin de leur nouvelle émission. A ceux-ci se sont ajoutés son côté « girl next door » et sa curiosité sans limite. « Je crois avoir toujours eu l’âme d’une voyageuse. J’ai toujours considéré que l’aventure commençait en bas de chez soi et ma collaboration avec Voyage à contribué à entretenir ce trait de caractère. J’y avais pris l’habitude, faire des sauts de puce en Europe, à Lisbonne ou à Londres, pour enregistrer des chroniques. Mais il n’avait jamais été question pour moi de tourner une émission en Islande ; jusqu’à mon arrivée sur France 5. » Islande, Jordanie, Zambie, Kenya ou Mongolie, « Echappées belles » embarque en effet très régulièrement le téléspectateur dans des contrées lointaines et exotiques.
Des audiences en progression constante
Rien d’étonnant, donc, au fait que les audiences de ce programme hebdomadaire n’aient cessé de progresser depuis son lancement. Aujourd’hui, il réunit entre 700 000 et 1 400 000 téléspectateurs à chaque numéro et est l’un des meilleurs prime times de la chaîne. La recette de ce succès ? « Je pense que les gens en ont assez des sujets anxiogènes sur la crise, le terrorisme ou les conflits. « Echappées belles » leur permet de s’évader, de voyager à travers leur petit écran et de (re)-découvrir des paysages magnifiques de France ou d'ailleurs. Quant au numéro consacré au Périgord qui, contre toute attente, a captivé près d’un million et demi de téléspectateurs ? Nous n’avons pas d’explication : les audiences sont une donnée imprévisible », analyse-t-elle. Peu importe car France 5 ne cherche pas forcément d’explication à ces excellents chiffres, pas plus qu’elle n’impose d’objectifs d’audience. « Pour l’instant, l’émission plaît tant à la chaîne qu’au public. Et, d’une manière générale, les dirigeants offrent, non seulement beaucoup de liberté aux programmes mais aussi le temps qui leur est nécessaire pour qu’ils trouvent leur place dans la grille ».
Depuis la rentrée, Sophie Jovillard partage les rênes de l'émission avec Jérôme Pitorin. Un système qui lui permet de s’ouvrir à d’autres collaborations. « J'ai ainsi davantage de temps à consacrer à « Paris en plus grand ». Ce programme court diffusé sur France 2** me tient vraiment à cœur. J’y fais découvrir un lieu insolite de la capitale ou sa région, en une minute top chrono ! C’est un excellent exercice de concision et un format que je trouve très efficace. » L’animatrice est également éditorialiste pour le mensuel Lonely Planet dans lequel elle livre ses souvenirs de voyage et raconte ses plus belles rencontres.
Bien qu’elle se sente enrichie des expériences inoubliables que lui permet de vivre son métier, la nouvelle marraine de l’association « Cancer du sein, parlons-en ! » ne dissimule pas sa seule frustration : la radio. « Ce média de l’immédiateté me manque, avoue-t-elle. Il permet de découvrir les célébrités différemment, sans fard. » Mais en attendant de retrouver les ondes radiophoniques, l'ancienne stagiaire de RTL vit intensément chaque instant et tente de concilier, au mieux, un emploi du temps chargé et une vie privée épanouie ; le tout, sans jamais se défaire de son sourire…
* Chaque samedi à 20h35. Rediffusion le dimanche à 15h00
** Du lundi au vendredi vers 22h35 puis le samedi et le dimanche vers 1255
Ariane Massenet : « Dans C'est de famille, les célébrités ne peuvent pas mentir »
Aïda Touihri : « Le journalisme n'était pas une vocation »
Arianna Huffington : « L'échec n'est pas l'opposé du succès »
Enquête TV Notes : Alessandra Sublet sacrée animatrice de la saison