On connaît le véganisme comme habitude alimentaire, comme qualification vestimentaire (les chaussures) ou esthétique (le maquillage), on découvre désormais le tatouage vegan. Et le principe est le même : qui dit tatouage végan, dit absence de produit d'origine animal de toute sorte dans les matières utilisées, et de test sur les animaux.
On s'interroge : pourquoi un tatouage devrait-il être "végan" ? Ce qui nous étonne n'est évidemment pas la démarche, mais plutôt la mention. Car s'il existe des tatouages dits "végans", cela signifie donc que les tatouages ordinaires contiennent des bouts d'animaux ? Oui, et parfois même leurs os. Moins glamour, notre ancre imprimée sur les côtes, d'un coup. Décryptage d'une alternative engagée.
Le véganisme n'est pas une mode, c'est un mode de vie. Être végan·e, c'est dénoncer et se battre contre la violence que la société fait endurer aux vaches, cochons, insectes ou encore poissons. Prôner l'anti-spécisme (le fait de revendiquer l'égalité entre toutes les espèces vivantes, et donc de ne pas estimer l'humain supérieur à l'animal), aussi.
Si l'on creuse un peu, on s'aperçoit vite que beaucoup de nos habitudes blessent la planète et ses habitants, au-delà de l'alimentation et de l'élevage. L'industrie de la mode et de la cosmétique, par exemple. Quand les produits ne sont pas testés sur des animaux dans des laboratoires, ils sont composés de gélatines qui en sont issues. Ou carrément de parties de leur corps.
C'est ce que cachent certaines encres industrielles utilisées pour tatouer. Dans un article consacré au sujet, L'Express détaille d'ailleurs la provenance de quelques-uns des liquides bon marché : "à base de glycérine, de gélatine, de gomme-laque ou de charbon d'os, formulés à partir d'insectes, de porc, de poisson ou d'animaux calcinés pour limiter les frais de production."
Le tatouage végan se pratique donc dans un salon qui n'aura pas recours à des équipements qui ont pu heurter les animaux. Qu'il s'agisse des appareils, des encres ou des crèmes. Seule exception : les désinfectants qui, pour correspondre aux normes d'hygiène et de salubrité définies par le Code de la santé publique, ont tous été testés sur des animaux. Mais le réflexe ne s'arrête pas là.
Afin de proposer une autre façon de dessiner sous la peau, de nouveaux établissements voient le jour, pour s'attaquer directement aux formations. Laura, tatoueuse expérimentée, a ouvert une école vegan à Argelès, dans les Pyrénées-Orientales, en 2017.
Elle raconte à Vegan Magazine ce que le lieu implique : "Nous utilisons des produits naturels, non testés sur les animaux. Habituellement, l'entrainement se fait sur des peaux de cochons. Pour les exercices pratiques, j'achète des peaux synthétiques pour les premiers entrainements. Et des modèles viennent ensuite avec leur propre dessin, les élèves pratiquent sur eux".
Tout un modèle repensé de A à Z qui offre une prestation qui ne dissimule quasiment aucune maltraitance. Et la clientèle est au rendez-vous. "On voit que la communauté est de plus en plus importante", constate Melinda Fugu, tatoueuse marseillaise qui se revendique vegan-friendly, auprès de L'Express. "Il y a une prise de conscience sur la condition animale et la volonté d'un quotidien en adéquation avec ses convictions."
Après la prise de conscience, la pratique.
Si beaucoup de salon ont déjà recours à des encres vegan (les leaders du marché comme Waverly Color Co, Fuzion Tattoo Ink, Intenze Tattoo Ink et Stable Color, assurent l'être, explique Glamour), d'autres vont - un peu - plus loin dans leur engagement. Les salons proclamés vegan-friendly et végan, notamment.
Les premiers garantissent des encres et des crèmes de traitement cruelty-free. Les deuxièmes montent un créneau au dessus. D'abord, ils sont généralement gérés par des végans convaincus. C'est le cas de Karbone, créé par Kalawa et Louve, duo installé à Marseille qui met tout en oeuvre pour respecter l'environnement.
"Le bien-être animal étant important pour nous, 95% de nos produits sont conformes à notre éthique", expliquaient-ils en 2018 à L'Express. "Nous travaillons activement pour pouvoir prochainement passer à 100% tout en respectant les normes. Il ne s'agit pas juste de faire attention à l'encre, mais à l'ensemble du salon."
Aujourd'hui, c'est chose faite. "Nous avons supprimé tous les produits testés sur les animaux ou contenant de la matière animale", inscrivent-ils sur la première page de leur site. Mais attention : végan ne rime pas forcément avec bio. Pour remplacer les produits d'origine animale, il faut souvent avoir recours à un substitut chimique. A prendre en considération, donc.
Avant de se lancer, le plus important reste de prendre contact avec plusieurs salons, pour en savoir davantage sur la qualité de leur matériel, et leurs convictions. Ensuite, il ne restera plus qu'à passer outre sa peur des aiguilles qui elles, n'ont pas encore d'équivalence indolore.