L'endométriose est une maladie gynécologique qui touche 1 femme sur 10 en France, et se définit par "la présence en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine", d'après Endo France. Quelle ne fut donc pas la surprise - et le choc - des internautes en découvrant les propos lunaires de l'autrice présentée comme spécialiste en développement personnel Natacha Calestrémé, dans une séquence publiée sur le compte Twitter de France 2.
Invitée sur le plateau de Ça commence aujourd'hui, émission présentée par Faustine Bollaert dont la diffusion était prévue ce 4 mai, elle aborde le sujet en lui associant une origine hallucinante. Selon "l'experte", l'endométriose pourrait s'expliquer par les traumatismes transgénérationnels liés à des fausses couches survenues dans la famille des femmes atteintes.
Elle lâche à une personne concernée : "Vous avez hérité de cette grand-mère ou arrière-grand-mère qui ont fait des enfants, qui ont perdu des enfants. Et l'endométriose, pour tous ceux qui nous écoutent, c'est un message de notre corps qui nous dit qu'avant, il y a eu une souffrance énorme d'une personne qui a associé le mot enfance et mort. Et enfance et mort, ça ne va pas ensemble. Il y a une culpabilité. On doit s'en libérer"
Une analyse que réfutent évidemment les nombreuses recherches et études sérieuses qui se penchent sur un phénomène et ses mécanismes qui restent certes "mal connus", décrit l'Inserm.
Sur les réseaux sociaux, la polémique était lancée, et la colère de plusieurs associations face à cette analyse infondée, légitimement exprimée.
Pour l'AAERS, un collectif pour la recherche sur l'adénonymose et l'endométriose, "il n'y a aucune preuve scientifique que l'endométriose aurait une origine pareille. Aucune, alors qu'on manque cruellement de recherche fondamentale." Et de dénoncer : "ce type de discours induit en erreur pour une maladie physique qui peut être grave, on vous demande de l'annuler".
Marie-Rose Galès, autrice du livre Endométriose mon amour, a de son côté contacté la chaîne du service public, puis saisi la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et l'Arcom (ex-CSA), détaille Sud-Ouest, pour "demander que cette émission faisant de la dérive sectaire sur l'endométriose ne soit pas diffusée".
"Les chercheurs estiment que chaque cas d'endométriose serait imputable pour moitié à des facteurs génétiques et pour moitié à des facteurs environnementaux", décrit l'Inserm. "Les scientifiques s'interrogent par exemple sur le rôle éventuel des perturbateurs endocriniens". Selon l'OMS cette fois, "une altération ou déficience de la réponse immunitaire, des influences hormonales complexes et localisées, la génétique, voire des contaminants environnementaux", peuvent être à la source de la condition.
Mais en aucun cas, des fausses couches dont nos grands-mères n'auraient pas fait le deuil. En réponse au tollé, France 2 a donc décidé de déprogrammer l'émission.