Culture
Théâtre : on a vu “La veuve rusée” aux Bouffes Parisiens, et c'est une satire ravageuse de la galanterie avec un casting aussi étonnant que déchaîné
Publié le 12 septembre 2024 à 11:35
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Pièce comique au rythme affolant signée Goldoni, “La veuve rusée” est à découvrir sur les planches des Bouffes Parisiens. Cette satire passant au crible galanterie et chauvinisme redouble d’esprit plus de deux siècles après sa création. Et le casting de cette nouvelle mise en scène lui rend bien.
Théâtre : on a vu “La veuve rusée” aux Bouffes Parisiens, et c'est une satire ravageuse de la galanterie avec un casting aussi étonnant que déchaîné
Théâtre : on a vu “La veuve rusée” aux Bouffes Parisiens, et c'est une satire ravageuse de la galanterie avec un casting aussi étonnant que déchaîné Pièce comique au rythme affolant signée Goldoni, “La veuve rusée” est à découvrir sur les planches des Bouffes Parisiens. Cette satire passant au crible galanterie et chauvinisme redouble d’esprit plus de deux siècles après sa création. Et le casting déchaîné de cette nouvelle mise en scène lui rend bien. Lors de la première, le public s'est notamment réjoui des partitions de Tom Leeb, d'un abattement physique impressionnant en espiègle Arlequin, Vincent Desagnat, riche d'une autodérision succulente dans la peau d'un Français chauvin tout en courbettes... Ou encore Caterina Murino bien évidemment, la Rosaura en question, “reine du coeur” aussi caustique que charismatique. Dans la salle des “Bouffes” ce soir du 10 septembre, Michel Leeb n’a d'ailleurs pu empêcher son rire sonore si caractéristique de retentir, au premier rang, face aux pitreries particulièrement millimétrées de son fils Tom. Comme quoi, l’action des pièces de théâtre parfois s’exprime bien au-delà des planches. Et la cocasserie se fait volontiers contagieuse.
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Une femme, quatre prétendants. Voilà l’équation tout sauf évidente que nous propose La veuve rusée, pièce comique du dramaturge Carlo Goldoni qui dans le texte respire la précision “à l’italienne”, l’ironie mordante et la galerie de caractères ravageuse. 

Italien, Espagnol, Français et Britannique se disputent dans ce marivaudage savoureux les beaux yeux de Rosaura, une jeune et belle veuve vénitienne. Et de fil en aiguille, malgré leurs manipulations diverses, les beaux parleurs deviennent dindons de la farce… Bien fait : c’est ce qui arrive lorsque l’on mésestime l’intelligence d’une femme. Milord Runebif, Monsieur Le Blau, Don Alvaro de Castille, et le comte Bosco Nero l'apprendront à leurs dépens...

Depuis le 10 septembre, c'est aux Bouffes Parisiens que l'on se rend pour témoigner de la modernité de cette pièce, nouvellement adaptée et mise en scène par Giancarlo Marinelli. Afin de servir cette ambitieuse co-production franco-italienne, auréolée de costumes flamboyants tout droit venus du pays de Pirandello, c'est un casting aussi étonnant que déchaîné qui se déploie sur les planches. 

Effectivement, lors de la première, le public s'est notamment réjoui des partitions de Tom Leeb, d'un abattement physique impressionnant en espiègle Arlequin, Vincent Desagnat, riche d'une autodérision succulente dans la peau d'un Français chauvin tout en courbettes, contrastant avec la pudeur d'un Pierre Rochefort - comte Italien plein d'une jalousie retenue - ou encore Caterina Murino bien évidemment, la Rosaura en question, “reine du coeur” aussi caustique que charismatique.

A cette première, nous y étions également...

Des célébrités présentes lors de la première de "La veuve rusée" pour savourer l’esprit encore très impertinent et moderne de Carlo Goldoni 

Découvrir La Veuve Rusée lors de ces représentations parisiennes, c'est constater la pertinence d'une pièce qui ne semble guère désuète... et ce alors que cette histoire riche en rebondissements sentimentaux fut jouée pour la première fois à Venise en 1748 ! Il faut dire qu'une certaine malice, et surtout un goût du bon mot, pénètrent cette comédie. 

Et ce, que la satire se porte sur le patriotisme exacerbé de ses personnages, qu'ils soient Italien ou Français, art du portrait tutoyant la caricature sans sombrer dans la vulgarité, ou qu'elle prenne pour cible - et c'est ce qui la rend si impertinente à l'heure des prises de conscience féministes - ces traditions d'époque que sont la galanterie et la courtoisie. Sur scène, l'art de convoiter est dépeint comme une forme de supercherie, et la flatterie comme une suite de protocoles superficiels et ridicules. Surtout quand il provient du pays de Molière.

Ce sont ces démonstrations sentimentales qui, exagérées par des interprètes n'hésitant pas à pousser le trait, sont venues susciter le rire dans l'assistance. Le public a même interrompu à plusieurs reprises les comédiens d'applaudissements nourris. Il faut dire que pour susciter l'adhésion, Giancarlo Marinelli a également joué la carte de l'étonnement. Et plus encore, de l'anachronisme. Ainsi a-t-on pu entendre le "Que reste-t-il de nos amours ?" de Charles Trénet (1943), rengaine délicate employée ici avec une ironie délectable, dans une scène que nous ne dévoilerons pas...

Lors de cette première attendue avec curiosité, on pouvait notamment croiser le grand Michel Fau, légende du théâtre à retrouver au Marigny où il excelle aux côtés de Catherine Frot (dans la pièce Lorsque l'enfant paraît), la comédienne Constance Labbé, Benjamin Morgaine, l'éternel compère de Vincent Desagnat époque "Morning", mais également Michel Leeb, sans oublier l’actrice et cinéaste Nicole Garcia. 

Dans la salle des “Bouffes” ce soir du 10 septembre, Michel Leeb n’a d'ailleurs pu empêcher son rire sonore si caractéristique de retentir, au premier rang, face aux pitreries particulièrement millimétrées de son fils Tom. Comme quoi, l’action des pièces de théâtre parfois s’exprime bien au-delà des planches. Et la cocasserie se fait volontiers contagieuse.

La veuve rusée, d’après Carlo Goldoni. Au Théâtre des Bouffes Parisiens - Paris 2e, Représentations à partir du 10 septembre 2024. Du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 16h et 20h, le dimanche à 15h. 

Adaptation et mise en scène de Giancarlo Marinelli. Avec Caterina Murino, Sarah Biasini, Vincent Deniard, Vincent Desagnat, Thierry Harcourt, Tom Leeb....  

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Culture News essentielles theatre sortie relations paris amour feminisme
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