Ils sont soupçonnés d’avoir organisé deux ventes de nourrisson à Ajaccio et Marseille, l’une en mai, l’autre en juillet. Une troisième transaction avait par ailleurs été déjouée à Marseille, alors que la mère était encore enceinte. Les deux hommes accusés de trafic de bébés roms ont été mis en examen pour « traite d'êtres humains » et écroués dimanche : ils encourent jusqu’à dix ans de prison.
Les deux suspects auraient, pour environ 8 000 euros et une voiture BMW d’occasion, vendu deux nouveau-nés à des membres de la communauté des gens du voyage ne pouvant pas avoir d’enfants. C’est le cas de Carmen et Mike, âgés de 27 et 26 ans qui ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire vendredi dernier. Le couple encoure deux ans de prison notamment pour « entremise lucrative pour abandon, provocation à l’abandon et obtention frauduleuse de documents administratifs ».
« Je ne peux avoir d'enfant, j'étais prête à tout pour avoir un gosse », a confié la jeune femme devant le palais de Justice de Marseille. « C'est mon fils et je l'aime », a-t-elle déclaré à RTL. « Pendant un mois et demi, j'étais avec lui, je lui donnais son bain, je le lavais ». Revenant sur les circonstances de la vente du bébé, elle a expliqué : « Ils me l'ont proposé et moi je n'avais pas d'enfant alors je l'ai acheté ». « Ils l'avaient appelé Tony, le considéraient comme leur enfant, c'est comme s'ils l'avaient adopté. Ils n'ont pas le sentiment d'avoir commis un acte répréhensible et ils sont effondrés de ne plus l'avoir auprès d'eux », rapporte leur avocat Patrick Gontard.
Le personnel de la maternité où est né ce bébé avait été interpellé par la présence de ce couple d’adoptant au chevet de la mère. Cette dernière, âgée de 32 ans et déjà mère de cinq enfants, avait quitté l’hôpital contre l’avis médical : vivant dans un camp rom dans les quartiers nord de Marseille, elle est retournée en Roumanie le jour de la vente de son enfant. Les deux hommes soupçonnés d’avoir vendu son bébé seraient le père et l’oncle de l’enfant.