Un mec qui parle body shaming, égalité professionnelle, le harcèlement de rue ou encore la tribune réac sur la "liberté d'importuner", c'est assez rare pour être souligné. Tristan Lopin est un humoriste féministe et il le revendique, même s'il n'est pas fan du mot ("Il est souvent instrumentalisé"). Le comédien de 31 ans n'a d'ailleurs pas caché sa joie lorsque nous lui avons proposé d'être le premier homme à répondre à notre interview "Girl Power".
Après s'être fait connaître grâce à ses vidéos engagées et décalées sur sa chaîne Youtube, le trublion sensible débarque sur les planches avec son spectacle Dépendance affective. Il y parle de ses peines de coeur, de ses copines dépressives, de ses potes méga-en-couple, de sa tante homophobe... Tout cela avec un humour ravageur.
Rencontre avec un fan absolu de Carrie Bradshaw pour une interview girl power solidaire.
Je me suis fait larguer par mon premier amoureux. Quand ça m'est arrivé, c'était une douleur que je n'avais jamais ressentie. Je me suis dit que personne n'avait pu ressentir un chagrin comme le mien. Et du coup, je me suis senti très seul suite à cette sensation-là.
J'en ai parlé beaucoup autour de moi et je me suis aperçu que tout le monde ressentait ce truc-là : c'est comme les enfants qui tombent la première fois, c'est une douleur qu'on ne connaît pas. Du coup, j'ai réalisé que tout le monde se sentait très seul dans ces moments-là alors qu'on est tous réduit à cette même sensation. Et je me suis dit qu'il fallait en parler parce qu'on a tous déjà été amoureux. C'est très universel. Et puis ça m'a fait du bien...
Je pense qu'il faut prendre du temps pour soi, faire des choses qu'on aime. Voir des amis aussi, c'est un grand réconfort : passer des soirées à parler, à pleurer, regarder des films des trucs ou des séries comme Friends et boire du vin, c'est un bon remède.
Bien sûr ! Déjà quand j'étais enfant et même aujourd'hui, même si c'est moins frontal. C'est pour cela que quand on me demande : "Pourquoi tu es féministe ?", je réponds : je suis solidaire du fait que les femmes ont toujours été placées à une marche juste en-dessous. Et aujourd'hui, si tu es un homme blanc, hétéro, en bonne santé, tu n'as jamais été victime d'aucune discrimination.
Je suis un soutien car j'aurais bien aimé qu'il y ait des gens un peu connus et qui aient un peu d'influence pour me soutenir quand j'étais plus jeune par exemple.
A l'école, oui, même si j'imagine qu'il y a des enfants qui vivent des choses beaucoup plus terribles que ce que j'ai vécues. Mais oui, comme j'étais un peu "maniéré", il y avait toujours cette histoire de tester la "virilité", genre on me baissait le pantalon... Des trucs assez "lambdas", même si c'est terrible de dire ça. C'est arrivé et donc, c'est un problème.
Oui. Au début, c'était très compliqué à gérer... En général, ce que je véhicule est plutôt positif, même si je peux être un peu langue de pute. Et les premières fois, je me disais : "Mais pourquoi, en fait ?". Et avec le temps, je me suis dit que c'était des gens qui étaient très tristes devant leur ordinateur, qui n'ont pas grand-chose à faire et qui se vengent un peu d'avoir une vie de merde. Je m'imagine ça, ça me fait du bien, je laisse faire et je me dis : tant pis !
Tu t'es lancé dans des vidéos engagées et tu as pris le risque de ne pas plaire à tout le monde...
Je l'ai fait car à partir du moment où vous revendiquez une certaine liberté de mouvement et d'être, je me suis dit, je ne vais pas faire des choses pour être populaire. Il y a plein de gens qui font ça ! Et moi, ça me saoule. Ce n'est pas aider les gens que de ne pas leur montrer autre chose que ce qu'ils ont envie de voir.
Oui, je me considère comme féministe. Je n'aime pas trop le terme, mais oui, féministe, évidemment !
Britney Spears, Simone Veil et Isabelle Huppert. C'est très différent tout ça !
L'égalité salariale, c'est ce qui me paraît être le plus basique. Donc si on a ça, on aura peut-être quelque chose après... C'est la première chose que j'attends déjà.
Work Bitch de Britney Spears, tout le temps.
C'est à double tranchant : j'allais dire Carrie Bradshaw dans Sex and The City, mais je crois que plus je regarde la série, plus elle m'énerve d'être dépendante à ce point-là des hommes. Je crois que ça me renvoie une espèce de vieille image de moi et du coup, elle commence à m'agacer un peu... Mais depuis longtemps, Carrie Bradshaw, oui.
C'est de Carrie Bradshaw justement ! C'est "Never forget to love yourselft first" ("N'oublie pas de t'aime avant tout").
Je crois que c'est tous les moments où mes nièces me posent des questions : "Est-ce que les femmes ont le droit de faire tel ou tel métier ?", "Est-ce que c'est que tu puisses embrasser un garçon sur la bouche ?" Et je leur dis qu'en fait... oui. A chaque fois, je me dis que je suis en train de construire un truc super chouette que personne ne fait peut-être autour d'elles. Je suis trop fier !
Voler. Pas dans les magasins ! Voler dans les airs... Sinon, j'allais dire un truc hyper niais de Miss France genre : "Régler des conflits comme le conflit israélo-palestinien". Je trouve que ce serait super chouette.
Je dirais la chanteuse Angèle. Elle est très jeune et elle fait des chansons que je trouve super chouettes. C'est très doux, il y a une espèce de bienveillance et je trouve ça cool de voir quelqu'un qui rayonne de gentillesse. C'est rare aujourd'hui de véhiculer ces sentiments-là.
Dépendance affective de Tristan Lopin
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h30 au Théâtre Trévise jusqu'au 5 janvier
Et en tournée dans toute la France dès janvier 2019