Lors de la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) organisée à Boston fin février, les chercheurs de l'International Partnership for Microbicides ont fait une révélation très encourageante concernant la transmission du virus du Sida. Les chercheurs de l'International Partnership for Microbicides (IPM) ont ainsi révélé avoir mis au point un anneau vaginal délivrant des antirétroviraux capable de réduire de 30% en moyenne la transmission du VIH chez la femme. Inspiré des anneaux utilisés pour la contraception et les traitements hormonaux, ce modèle contient du dapirivine, un antiviral expérimental qui se diffuse progressivement dans le corps. Il doit également être changé tous les mois.
Comme l'a révélée Zeda Rosenberg, le docteur en charge de ces recherches, deux études cliniques ont été menées au Malawi, en Ouganda, au Zimbabwe entre 2012 et 2015 sur 4 588 femmes séro-négatives âgées de 18 à 45 ans. Un premier groupe a reçu l'anneau vaginal, tandis que le second groupe a reçu un placebo. Celles qui ont utilisées le véritable moyen de prévention ont vu le risque d'infection par le virus du Sida réduire de 27 à 31% par rapport aux femmes du deuxième groupe. Mieux, l'anneau vaginal s'est révélé particulièrement plus efficace chez les femmes âgées de 25 ans et plus. Ces dernières ont ainsi vu le risque d'infection réduire de 61% dans le cas de la première étude, et de 37% dans le cas de la seconde. Selon les chercheurs, ces chiffres peuvent s'expliquer par le fait que les femmes plus âgées ont utilisé l'anneau plus régulièrement que les autres.
Sida : 30 ans d'idées reçues
Dans un communiqué, le docteur Rosenberg a expliqué que ce nouveau moyen de prévention pourrait fortement aider les femmes des pays en développement, notamment celles du continent africain :
"Ces résultats donnent un nouvel espoir aux femmes qui présentent un haut risque d'infection et qui ont besoin d'autres options pour se protéger efficacement contre le virus du Sida. Nous allons maintenant chercher les approbations réglementaires pour mettre en place l'anneau vaginal et travailler avec nos partenaires pour déterminer son rôle dans le renforcement de la prévention du VIH. Nous espérons également que cela nous aidera à en apprendre davantage sur la façon d'aider les femmes qui veulent utiliser l'anneau constamment, ce qui pourrait aider à augmenter leur protection. Une étude de suivi nous aidera à répondre à des questions clés sur la façon dont les femmes utiliseraient l'anneau à partir du moment où elles seraient au courant qu'il peut leur apporter une protection".
De son côté, le Docteur Aaron Motsoaledi, ministre de la Santé d'Afrique du Sud, a salué les résultats de cette étude dans un communiqué : "Chaque avancée scientifique qui donne aux femmes le pouvoir de se protéger du VIH devrait être examinée en vue d'une adoption et d'une mise en place rapides".
Le virus du Sida touche 37 millions de personnes dans le monde dont la moitié sont des femmes et dont la majorité vivent dans les pays en développement (95%). Pour le docteur Zeda Rosenberg, l'arrivée de cet anneau vaginal sur le marché pourrait permettre aux femmes de se protéger discrètement alors qu'elles sont encore trop nombreuses à ne pas réussir à persuader les hommes de porter des préservatifs.