L'épisode n'aurait sans doute jamais été révélé si l'entraîneur de la fillette n'avait pas déversé sa colère sur Facebook. Mi-avril, la ville de Putrajava, en Malaisie, accueillait un tournoi scolaire national d'échecs national auquel participait Kaushal Khandhar. En tant que professeur d'échecs, ce dernier était chargé d'encourager les élèves qu'il entraîne le reste de l'année. Parmi eux, une pré-adolescente de douze ans, dont l'anonymat a été préservé.
Et pour cause : alors qu'elle était en train de disputer une partie d'échecs, la fillette a été contrainte de déclarer forfait sous la pression des juges. Le motif de ce renvoi ? Sa robe qui a été jugée "trop séduisante" pour qu'elle puisse participer à la compétition.
Scandalisé par cette attitude foncièrement discriminatoire, Kaushal Khandhar a raconté l'événement sur son compte Facebook. Photo à l'appui (on y voit la robe portée par la jeune fille et qui arrive sagement au niveau de ses genoux et couvre ses épaules), il écrit :
"Au championnat d'échecs scolaire national, à Putrajaya, l'une de mes élèves, qui a DOUZE ANS, s'est sentie harcelée et humiliée par les actions du directeur du tournoi et l'arbitre en chef. Au milieu du deuxième round (sans arrêter le chrono), l'arbitre en chef a informé mon élève que la tenue qu'elle portait était impropre et violait le code vestimentaire du tournoi. On (l'arbitre en chef) a ensuite informé mon élève et sa mère, que le directeur du tournoi jugeait la robe de mon élève "séduisante" et qu'il s'agissait 'd'un certain point de vue, d'une tentation'".
Selon Kaushal Khandhar, une discussion aurait alors été engagée avec l'arbitre en chef qui s'est excusé auprès de la fillette. "Il lui a personnellement assuré qu'il n'y avait rien de mal avec sa tenue, mais qu'en raison de la décision du directeur du tournoi, il ne pourrait pas permettre que cette robe soit portée par une élève lors de la compétition." Il a ensuite proposé à la mère de la jeune fille d'aller lui acheter une nouvelle tenue au centre commercial à proximité. Ce qu'il leur a été impossible : vue l'heure avancée, tous les magasins avaient fermé leurs portes. La fillette a donc dû déclarer forfait et renoncer à la compétition.
"Nous sommes absolument dégoûtés par le traitement du directeur du tournoi face à une jeune fille de douze ans et sa mère. Cet incident nous a fait perdre le temps et l'argent qui ont été investi avant, pendant et après le tournoi dans le coaching, les frais d'inscription, les voyages, les logements et les autres frais engagés."
"Cette jeune fille brillante a récemment été championne de son district à Kuala Lumpur et a montré un énorme potentiel aux échecs, poursuit le professeur. Cet incident l'a extrêmement troublée et gênée." Et pour cause : cette jeune fille à peine adolescente n'avait d'autre envie de participer à un tournoi d'échecs. Cette sexualisation évidente de sa tenue par une personne exerçant sur elle une autorité morale est absolument ahurissante.
Expliquant qu'en vingt ans de compétition, il n'avait jusqu'alors jamais été confronté à ce genre de problème, Kaushal Khandhar exige ensuite "des excuses publiques du tournoi national d'échecs. En l'occurrence, si nous ne recevons pas d'excuses publiques lors des cinq prochains jours, nous n'avons pas d'autre choix que de recourir à une procédure de justice".
Le lendemain du tournoi, la mère de l'élève renvoyée a joint le directeur de la compétition par téléphone. Ce dernier lui a "promis" une fois qu'il en aurait parlé avec l'arbitre en chef. Il ne l'a jamais fait et a ensuite ignoré tous ses autres appels.
Un porte-parole de la Fédération malaise d'échecs a déclaré au Malay Mail Online que le secrétariat du tournoi avait ouvert une enquête sur l'incident. The Independent rapporte que directeur du tournoi a quant à lui déclaré qu'il allait déposer un rapport de police à ce sujet mais ne souhaitait pas faire de déclaration pour le moment.