Une femme assassinée par son conjoint tous les neuf jours. Voilà ce que représente en chiffres le fléau des violences conjugales en Australie. C'est justement pour agir face à la condition alarmante et précaire des victimes de violences que le gouvernement a mis en place, sous la forme d'un programme pilote, un soutien financier destiné aux principales concernées. L'idée ? Que les victimes regagnent une forme d'indépendance par ce biais - l'emprise économique étant l'un des maux des violences - et puissent notamment s'enfuir.
Entré en vigueur ce 19 octobre et lancé pour une durée de deux ans, ce nouveau dispositif d'aide garanti par l'organisme UnitingCare Australia équivaut à une somme de 5 000 dollars australiens (3 200 euros) et, indique CNews, fait partie d'un programme plus large dédié à la sécurité des femmes en Australie. En tout, 1,1 milliard de dollars australiens sont dédiés à la mise en oeuvre de cette aide financière pour toutes.
Mais bien que partant d'une bonne intention, cette initiative divise.
Notamment car - et cela n'a malheureusement rien d'étonnant - elle remet encore une fois toute la charge de cette situation sur les victimes : ce sont à elles de quitter le domicile et d'assumer la responsabilité de cette décision loin d'être évidente. "Il y a un gros problème moral, éthique et politique ici. Pourquoi les victimes doivent-elles traverser ce traumatisme extraordinaire alors que ne sont pas elles qui ont mal agi ?", décrypte à ce titre Mary Crooks, directrice exécutive de l'organisme féministe Victorian Women's Trust.
Du "victim blaming" aux pressions diverses du quotidien, c'est souvent sur la victime que tout semble reposer. Les finances y comprises. Une estimation du Conseil australien des syndicats affirme effectivement que les victimes doivent débourser 18 000 dollars australiens en moyenne "pour quitter un foyer toxique et trouver la sécurité, embaucher un avocat, assurer un déménagement puis un aménagement" comme le précise CNews, et ce sans compter la nourriture et la prise en charge quotidienne des enfants.
Sans oublier, bien sûr, la réalité d'inégalités économiques tels que les écarts salariaux entre les sexes. Si l'aide financière initiée en Australie promet justement de couvrir des dépenses "telles que les frais de scolarité d'éventuels enfants", ce problème "éthique et politique" ne perdure donc pas moins.