Les violences domestiques constituent encore un sujet trop incompris. Si personne n'ignore leurs conséquences dramatiques, jugements et interrogations hors-propos demeurent quand il s'agit d'évoquer les femmes abusées par leurs conjoints toxiques. Et cela, Serena Williams l'a bien compris. En octobre dernier, à l'occasion du mois national de sensibilisation aux violences domestiques, la sportive de haut niveau s'est associée à la Fondation Allstate, un organisme non lucratif visant à sensibiliser et à prévenir la population au sujet de la sécurité d'autrui. L'idée ? Exprimer ce qu'induisent vraiment les violences conjugales.
Et notamment un fait trop souvent ignoré : l'emprise financière des victimes. Bien souvent, les coupables de harcèlement moral ou d'agressions physiques font en sorte d'enfermer leurs compagnes dans un état de dépendance financière. Une emprise économique contre laquelle Serena Williams s'indigne. Et qui l'incite à se mobiliser. "Il est important d'utiliser ma voix pour attirer l'attention sur les obstacles auxquels les femmes peuvent être confrontées lorsqu'elles tentent de partir", appuie-t-elle du côté du site Woman's Day. Un geste qu'on ne peut que saluer.
D'autant plus que la situation est urgente. Car aux Etats-Unis, la maltraitance financière - à savoir le fait "qu'une personne ait le contrôle sur l'argent dans une relation" - s'observe dans pas moins de 99% des situations de violence familiale. Un chiffre colossal qui induit plusieurs pratiques, de l'accès limité à des comptes bancaires conjoints à la confiscation de la carte de crédit. Mais bien qu'omniprésente, cette violence se voit peu. Raison de plus pour apporter de la visibilité à ce problème aux incidences fatales : plus la précarité financière est intense, moins il est simple pour la victime de quitter son oppresseur.
"Ce n'est pas facile pour les femmes de se lever et de partir", atteste la tenniswoman, qui souhaite mettre l'accent sur la prévention. A l'écouter, il est important pour les principales concernées de "reconnaître les signes" d'exploitation. Mais aussi à leurs proches de "les soutenir jusqu'à ce qu'elles soient prêtes à se sortir de cette situation". Et la championne de rappeler, comme à l'adresse de celles et ceux qui minimisent cet abus trop banalisé : "Lorsque vous devez utiliser vos cartes de crédit ou être obligée de présenter des reçus pour chaque centime que vous dépensez, c'est la liberté de choisir qui vous est retirée". Une pression aussi bien matérielle que psychologique.
"Pour mettre fin au cycle de la maltraitance, nous devons engager des discussions constructives afin de mettre en lumière la manière dont l'exploitation financière piège les victimes", ajoute à l'unisson Ellen Lisak, la responsable du programme de sensibilisation d'Allstate. Et Serena Williams met un poing d'honneur à relayer ce genre de discussions. La preuve ? Elle avoue à Woman's Day sa volonté d'éduquer sa fille à ce sujet. Et espère dès aujourd'hui que son enfant "sera consciente du problème lorsqu'elle commencera à traverser des moments difficiles dans sa propre vie".
De son côté, la Fondation Allstate désire guider, aider et protéger les victimes, à grands coups de directives, liste de documents nécessaires et autres conseils adéquats, visant à garantir leur indépendance financière. Car les discours doivent toujours être suivis par des actes.