"Tu n'as pas le droit de faire ça, je vais le dire à papa et maman". Si vous appréciez les dimanches passés en famille, le simple fait d'entendre vos enfants se chamailler pour un oui ou pour un non a le don de vous mettre les nerfs en pelote. À tel point que vous vous interposez rapidement entre eux dans l'espoir de retrouver la paix le plus vite possible. Pourtant, et aussi stressantes que les querelles d'enfants puissent paraître aux yeux des parents, les disputes entre frères et soeurs sont tout à fait naturelles. D'après certains experts, il serait même bénéfique de laisser ses bambins aller au bout de leurs différends.
"Il est essentiel pour un enfant d'être confronté à un avis opposé au sein, car cela l'aide à trouver des arguments objectifs pour faire valoir ses idées. Si les enfants ne sont jamais exposés à des désaccords, nous finirons par limiter leur créativité", a expliqué Adam Grant, professeur de psychologie à l'Université de Pensylvanie, dans une tribune du New York Times. Et ces disputes ne profiteraient pas uniquement aux enfants : "Notre système juridique est basé sur l'idée que les débats sont nécessaires pour faire fonctionner la justice. Pour que notre société reste libre et ouverte, les enfants doivent apprendre la valeur du désaccord ouvert", considère le Pr Grant.
Bien sûr, il n'est pas question de laisser vos enfants se battre ou se balancer des horreurs à la figure. Mais si leur querelle ne dépasse pas le stade de la discussion animée qui marque clairement leur désaccord, mieux vaut ne pas les interrompre. L'Américaine Melissa L. Fenton, auteure du blog 4boysmother et maman de 4 petits garçons, estime que le fait de laisser ses enfants se disputer les aide à se construire et à développer leur indépendance. "Plus tôt mes enfants comprendront qu'ils doivent apprendre à régler leurs différends entre eux, plus vite ils apprendront à se débrouiller seuls. La réconciliation est d'ailleurs plus facile quand ils gèrent eux-mêmes leur désaccords que lorsque je m'interpose", témoigne-t-elle.
Selon le Pr Grant, le fait d'être confronté à un avis différent du sien dès le plus jeune âge se révèle donc bénéfique dans la mesure où ces connaissances permettront à l'enfant, une fois qu'il aura atteint l'âge adulte, de faire le distinguo entre un réel conflit et une querelle enfantine qui ne vaut pas la peine que l'on perde son sang-froid. "Assister à une dispute et y prendre part forge le caractère. Il n'y a pas de meilleur moment que l'enfance pour s'y confronter. Et pas de meilleurs adversaires que nos frères et soeurs," considère l'expert.
En conclusion, la prochaine fois que vous entendrez une discussion animée entre vos bambins, essayez de ne pas intervenir tout de suite et de voir s'ils peuvent régler leurs différends tout seuls. Si vous sentez que cela risque de dégénérer, vous pouvez tenter de vous immiscer dans la discussion, mais en restant la plus impartiale possible, en écoutant la version de chacun et si possible sans leur couper la parole. Si un dénouement vous paraît possible, les aider à trouver ensemble un terrain d'entente en mettant en valeur les arguments de chacun peut s'avérer efficace. Et s'ils ne tombent pas d'accord malgré tous leurs efforts, alors vous pouvez tout simplement leur expliquer que dans la vie, il arrive qu'on ne soit pas toujours du même avis mais que c'est normal et que ça arrive même aux grandes personnes. Cela devrait les aider à relativiser et à "faire la paix".