C'est ce qu'on appelle le rayonnement. Après la très chic tribune sur la "liberté d'importuner" signées par 100 femmes (dont Catherine Deneuve) en pleine vague #MeToo ou encore la sortie de Brigitte Bardot jugeant #Balancetonporc "hypocrite et ridicule", c'est au tour de Yann Moix de promouvoir l'image progressiste des personnalités françaises à l'international. L'écrivain s'est épanché avec une classe folle dans le magazine Marie Claire : "50 ans, je suis incapable d'aimer une femme de 50 ans (...) Je trouve ça trop vieux. Quand j'en aurai 60, j'en serai capable. 50 ans me paraîtra alors jeune. (...) Elles sont invisibles."
Ces propos auraient pu ne rester confinés qu'aux six coins de l'Hexagone où ils ont aussitôt provoqué des réactions outragées et/ou sarcastiques, une nuée de photos de cinquantenaires, des "c'est toi qui dis, c'est toi qui l'es/laid", un "TT".
Mais non. Sa logorrhée de haute volée s'est propagée, a traversé les frontières, la Manche, l'Atlantique et même le Pacifique.
Ainsi, Yann Moix a eu les honneurs du Guardian ou encore de la BBC au Royaume-Uni. Mais c'est surtout aux Etats-Unis que la distinction de notre "French lover" a fait mouche.
"Moix a lui-même 50 ans. Ses remarques renforcent l'idée créée par quelques personnalités en France que la prise de conscience internationale lancée par le mouvement #MeToo mettant en lumière des histoires de misogynie, de harcèlement sexuel et d'agressions avait été accueillie de façon moins enthousiaste là-bas à cause de ces notions gauloises profondément ancrées du sexe, du pouvoir et de la séduction", assène USA Today.
Le site féministe Jezebel s'est également emparé du sujet. "Ses commentaires ont provoqué un scandale car ils étaient (évidemment) puérils et superficiels. Mais ce qui m'intéresse davantage : le profond sentiment de soulagement que ses remarques ont sans aucune doute inspiré aux femmes de plus de 50 ans. Et même aux femmes qui ont l'âge 'extraordinaire' de 25 ans. Quelle chance d'être libérées de l'attention d'hommes comme lui." Et pan.
Réjouissons-nous. Cette polémique worldwide qui fleure bon le camembert aura au moins eu un avantage : montrer au monde entier que le machisme "gaulois" jadis toléré, intégré, n'a plus droit de citer. Les incarnations de ce modèle archaïque, rance ne peuvent plus se répandre impunément sans réactions immédiates des "Frenchies".
On pensait l'impact de #MeToo en France (trop) timide comparé à la lame de fond étasunienne. Mais la riposte aux propos de Moix et ces derniers mois (notamment le succès de la marche #NousToutes) ont démontré avec force que les Françaises étaient bien décidées à l'ouvrir et à combattre ce sexisme arriéré qui se planque derrière un "franc-parler anti-puritanisme" qui a décidément bon dos. Il était temps.