Avec des slogans comme "Le patriarcat ne tombera pas tout seul, organisons-nous pour lui piétiner la gueule", ou des pancartes: "Ras le viol", "Qui fait la vaisselle, nous on fait la révolution" et "Une seule femme victime, c'est toutes les femmes", la marche organisée par le mouvement #NousToutes a été une réussite.
Rarement la lutte contre les violences faites aux femmes aura réuni autant de monde. Des dizaines de milliers de personnes vêtues de violet, couleur emblématique du mouvement féministe, sont descendues dans les rues dans une cinquantaine de villes en France pour exprimer leur ras-le-bol face aux violences sexistes et sexuelles.
Elles étaient 30 000 à Paris et 50 000 dans le reste de la France, à Lille, Lyon, Nantes, Rennes, Niort, Tours, à défiler à la veille de la journée mondiale pour l'éradication des violences faites aux femmes.
Retour sur la marche parisienne qui s'est déroulée au départ de la Place de l'Opéra Garnier jusqu'à la Place de la République.
Marion, qui a participé à l'organisation de la marche #NousToutes, espérait une "déferlante féministe" partout en France.
L'avocate Danielle Mérian, militante contre l'excision avec l'association SOS Africaines en danger, était présente pour faire entendre sa voix, au milieu des nombreux cortèges de militant·es féministes.
La journaliste et militante Rokhaya Diallo a salué une forte mobilisation de la jeunesse et de femmes de toutes les générations "issues de mouvements différents."
Les hommes aussi étaient au rendez-vous. Pour Léo, 28 ans, et Tristan, 30 ans, venir marcher aujourd'hui était "une évidence". "En tant qu'homme, je pense qu'être féministe c'est d'abord être solidaire du mouvement. Il ne s'agit pas de dire que l'on peut comprendre ce que vivent les femmes actuellement, mais nous devons en revanche à tout prix être solidaire de ce combat qui est à mes yeux LE combat du 21e siècle, avec sans doute le combat écologique", estime Léo.
"Pour moi, cette marche est encore plus large que la solidarité envers les femmes victimes de violences sexuelles et sexistes, car il y a aussi beaucoup d'autres types de violences sexuelles auxquelles sont exposées les minorités selon leur orientation sexuelle, selon leur couleur. On ne peut pas aujourd'hui ne pas être solidaires avec toutes ces personnes et c'est très important de se rendre compte que, même si on est privilégiés, on doit les soutenir", renchérit Tristan.
Présente lors de cette marche solidaire pour représenter le Front de Gauche, la députée Clémentine Autain demande au gouvernement de ne pas rester "inerte" face à ces violences.
Elle déplore : "Alors qu'on a eu un mouvement incroyable de libération de la parole, on a des pouvoirs publics qui ne comprennent pas l'enjeu, et qui n'arrivent pas à dégager les moyens nécessaires pour répondre à cette parole et répondre à la souffrance des femmes et à la justice nécessaire."
La députée de Seine-Saint-Denis dénonce le manque de moyens pour les militantes de terrain : "Les associations féministes qui accompagnent les femmes font avec trois francs six sous, on a besoin d'argent, on a besoin que la justice fonctionne normalement, ce qui n'est pas le cas. On a besoin qu'il y ait la formation des policiers, des juges, des magistrats".
Un rapport publié cette semaine évalue actuellement l'effort de lutte contre ce fléau à 80 millions d'euros alors qu'il faudrait au minimum dépenser six fois plus, soit 500 millions d'euros.
L'objectif de cette marche, qui a rassemblé de nombreuses associations féministes engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes, visait également à envoyer un message au gouvernement afin qu'il investisse les moyens dans ce qu'il a lui-même nommé "sa grande cause du quinquennat". Si la secrétaire d'État chargée de l'égalité hommes-femmes Marlène Schiappa ne s'est pas rendue sur place, elle a adressé un message aux militant·es sur Twitter :
Lors du discours prononcé place de la République (point d'arrivée de la marche), la jeune militante Laura, qui a participé à l'organisation de #NousToutes a critiqué le président Emmanuel Macron, l'accusant de faire "de beau discours à l'étranger", mais de ne pas "réellement mettre les moyens pour lutter contre ces violences sexistes et sexuelles".
Y aura-t-il un avant et un après #NousToutes, comme il y a eu un avant et un après #MeToo ?