Le mouvement des gilets jaunes, qui s'était donné rendez-vous le samedi 17 novembre pour bloquer le pays, n'est pas terminé, même si les barrages sont moins nombreux. Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour que les militant·es de ce mouvement montent à Paris samedi 24 novembre.
Frank Bulher, l'une des figures à l'origine du mouvement des gilets jaunes (également responsable du mouvement Debout la France dans le Tarn-et-Garonne), a lancé un mot d'ordre pour le 24 novembre : "Vous devez tous, à pied, à cheval et en voiture parcourir la totalité des rues de Paris. Répartissez-vous dans toute la ville [...] Le 24 novembre, c'est Paris bloqué, le 24 novembre, c'est Paris ville morte".
Sauf que ce même jour, à la veille du 25 novembre, journée mondiale contre les violences faites aux femmes, est organisée la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles, lancé il y a plusieurs mois par l'organisation Nous Toutes. Le point de départ de cette manifestation a été fixé place de la Madeleine, à deux pas de la place de la Concorde où comptent se retrouver les gilets jaunes.
Alors, des militant·es féministes en appellent aujourd'hui aux gilets jaunes pour qu'ils et elles ne détournent pas l'attention de cette manifestation en projet depuis bien longtemps.
Plusieurs militant·es ont lancé des messages sur Twitter.
L'ancienne secrétaire d'État à l'égalité, Laurence Rossignol, aujourd'hui sénatrice, leur enjoint de ne pas bloquer les personnes qui souhaiteraient se rendre à la manifestation contre les violences faites aux femmes.
Jean-Luc Mélenchon a dans un premier temps appelé à soutenir la marche des gilets jaunes samedi. Puis sous le feu des critiques a appelé à descendre dans la rue parce que "l'urgence ne divise pas". L'adjointe au maire des Lilas, Madeline da Silva, en pointe sur les questions de violences sexistes et sexuelles, parle "d'opportunisme politique".
Mais peut-on vraiment marcher ensemble pour des sujets aussi diamétralement opposés ? Aussi comme le rappelle l'internaute LoveLuna,"des personnes ont proposé de joindre les deux marches. Je suis pas forcément contre l'entraide des luttes normalement, mais là c'est différent. Un mouvement qui refuse de se prononcer sur la présence de l'extrême-droite en son sein, c'est trop dangereux pour nous. Il y ait des slogans sexistes et homophobes utilisés, des agressions, de l'islamophobie... J'ai conscience que ça ne représente pas tout le mouvement, bien sûr. Mais le fait est que cette part de participant•es haineux•ses est là, et on ne peut pas être en sécurité avec elleux."
L'organisation Nous toutes, à l'origine des manifestations prévues ce 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, a interpellé différents médias afin de rappeler l'importance de sa mobilisation.
Le risque pour cette manifestation contre les violences sexistes et sexuelles : l'invisibilisation. Car dans la rue, si chacun et chacune est libre de se faire entendre, il est aussi question de terrain médiatique et de temps accordé à chaque message. L'un peut-il prendre le pas sur l'autre ? Au vue de l'actualité, les gilets jaunes risquent d'invisibiliser un combat qui tente déjà de sortir péniblement de l'ombre.
Mais, sans leaders pour donner des mots d'ordre précis, le message risque de ne pas passer au sein des gilets jaunes.
Pour ce qui est de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles qui a lieu samedi, d'autres rassemblements auront lieu partout en France. Pour se renseigner sur la manifestation la plus proche de chez vous, l'organisation #NousToutes les a recensées sur une carte.