21 étapes. 3 500 kilomètres. Trois semaines de coups de pédale. Ce sont des belles prouesses que comptent une nouvelle fois réaliser les 14 femmes cyclistes qui s'élancent cet été pour réaliser "leur" Tour de France : un parcours identique aux coureurs traditionnels, mais enrichi d'un message profondément féministe. Car en se confrontant à la fameuse "Boucle", les sportives désirent dénoncer les inégalités professionnelles et le sexisme encore inhérents au monde du vélo. C'est dire si l'on suit leurs efforts avec une grande attention.
L'initiative est enthousiasmante, et elle a un nom : #DesEllesAuVélo. Car "donner des elles" aux femmes athlètes, c'est possible. Et il y a fort à papier que la popularité d'un tel sport (et de l'événement qui lui est indissociable) permettra de faire passer plus facilement ce message d'utilité publique. L'une des participantes, Karine, confie ses motivations sur les ondes de France Bleu. Elle nous explique "qu'en triathlon, il y a des femmes, mais encore trop peu". Des panoramas solaires de Nice aux Champs-Élysées, leur course a pour but de rappeler ces vérités malheureuses.
Et comme le Tour de France, l'éveil des consciences (et l'évolution du milieu) exige beaucoup, beaucoup de patience. Cela fait déjà cinq ans que "Des elles au vélo" se déploie dans l'Hexagone. Et fait entendre sa visée concrète : "donner envie aux femmes dans les régions, de rouler, de créer des clubs, des compétitions", explique le coordinateur Mathieu Istil du côté de France 3. Pour ce dernier, ce Tour qui s'étend du 29 juillet au 20 août est une véritable "randonnée militante".
Militante, et solidaire aussi. "Le vélo, c'est une activité parfaite. Ce n'est pas traumatisant pour le corps et on peut se retrouver en groupe, avoir un esprit d'équipe et tout simplement rouler ensemble tout en faisant du sport", détaille à France Bleu Aline, l'une des cyclistes décidées à braver les obstacles. Mais cette union ne saurait nous faire oublier les failles dont rendent compte les sportives d'aujourd'hui. A Franceinfo, les membres nous assurent que les femmes ne représenteraient encore que 10 % des licenciées à la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Un manque vertigineux.
Et si l'on commençait à hausser la voix pour faire changer tout ça ? Chez "Donnons des elles", l'égalité des sexes est toujours au bout du parcours. Car tout au long du Tour de France, les participantes invitent des consoeurs, mais aussi des hommes, à les rejoindre. Une illustration toutes roues déployées d'un féminisme qui se cherche encore trop du côté du vélo. "A la télévision, on ne voit jamais de femmes cyclistes. Elles sont très peu médiatisées si l'on compare à une autre discipline comme le tennis. D'ailleurs, je ne crois pas qu'il existe une équipe féminine de haut niveau", déplore en ce sens le cycliste amateur Damien Philipps chez France Télévisions.
D'où l'importance de telles initiatives pour leur assurer une visibilité. "Humilité, combativité, bienveillance et ambition", sont les mantras de cette équipe engagée. Cette combativité s'illustre de plus en plus au sein d'une sphère aux couacs bien sexistes. Ce mois-ci encore, une cycliste amatrice racontait sur les réseaux l'attitude d'un homme qui, constatant sa présence à ses côtés, s'est mis à rouler deux fois plus vite pour la doubler. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer. "En quoi c'est une honte qu'une femme vous dépasse ? [...] C'est plus sympa de rouler ensemble plutôt que de se mettre minable pour montrer que c'est lui l'homme", a-t-elle ironisé.
C'est dire si changer les mentalités a tout d'un exploit - sportif ou pas.