Les produits d'hygiène intimes pullulent, autant que des mauvaises bactéries dans le vagin un jour de mycose. Dernièrement, nous avons même eu droit au modèle enfant de la marque Lactacyd, empaqueté dans la même boîte que la version adulte. La recommandation sur la boîte précisait : "Pour un usage quotidien dès 3 ans".
Dans un élan de grand ras-le-bol, l'autrice et comédienne Klaire fait Grr a publié une mini-BD sur sa page Facebook. Elle débute son coup de gueule en rappelant une histoire datant de juillet 2018, où des Américaines ont réussi à faire condamner un groupe pharmaceutique fabricant de talc. Elles accusaient le produit, utilisé pour leur hygiène intime, de leur avoir provoqué un cancer.
Klair fait Grr explique dans ses illustrations, partagées plus de 16 000 fois sur Facebook, en citant le Guardian : "L'impact réel du talc dans l'apparition de ces cancers fait débat". Mais elle s'interroge : "Le simple fait que ces femmes et des milliers d'autres se sentent obligées d'utiliser du talc pour leur 'toilette intime' a de quoi nous rester en travers de la gorge."
La comédienne, à l'affiche du spectacle Chattologie, se lance dans une explication sur les fabuleux mécanismes du vagin : "Contrairement à la cafetière et la pile de chaussettes près du lit, il s'auto-lave".
Parce que le vagin est "complètement bourré d'un truc, non pas de pinard, mais de bactéries". Ces bactéries qu'elle représente en femmes combattantes "constituent la flore [et] passent leur journée à se défendre contre les agressions extérieurs".
Parfois ces bactéries ne sont pas aussi efficaces et il peut arriver des "pépins, mais au quotidien le vagin est auto-nettoyant". La conclusion, c'est que de ces produits d'hygiène intime, nous n'en avons point besoin.
Klaire dénonce ce marketing qui "résume toute une vision du sexe féminin : sale".
Et les "vendeurs 'd'hygiène féminine' ont tellement bien bossé que nous voilà persuadé·es qu'à moins d'une utilisation intensive de liquide vaisselle à 8€ le pot, nous sommes pestiféros."
Elle s'en prend également aux marques qui jouent avec la santé des petites filles et proposent ces produits dès le plus jeune âge.
Pourtant comme le rappelle la doctoresse Phryné Coutant-Foulc, dermatologue spécialisée dans les pathologies de la vulve, interrogée par France Info, "ce sont des produits purement marketing : on cible une zone qui n'a pas lieu d'être ciblée".
Si les produits pour femmes adultes existent, l'argumentaire marketing d'Hydralin, l'une des marques qui commercialise ces produits pour enfants avec Saforelle, Lactacyd ou Saugella, est clairement destiné à faire peur dès l'enfance : "La zone intime de la petite fille étant sensible aux agressions du quotidien, il est important d'expliquer à la petite fille les bons gestes d'hygiène intime dès le plus jeune âge" et de "certaines étapes clés de l'apprentissage de la toilette (rentrée en maternelle, demande d'autonomie de l'enfant...) peuvent être propices à l'apparition d'irritations vulvaires chez la petite fille."
La dermatologue insiste : "Hormis des situations particulières, comme un diabète, une antibiothérapie prolongée, une baisse d'immunité ou une dermatose inflammatoire chronique, les petites filles n'ont pas de mycoses".
Donc que l'ont soit une petite fille ou une femme adulte, sauf si ça sent le fromage ou que c'est différent de d'habitude, pas besoin d'aller se laver le vagin. Et si on a un doute : on consulte.