Les P'tits Explorateurs est un programme de courts-métrages pour les enfants, à partir de 4 ans, diffusé au cinéma depuis le 5 avril 2017. Quatre petits films d'animation qui s'enchaînent, sensibilisant les touts-petits, chacun à leur manière, à la tolérance et à la différence. A l'amitié aussi, sous toutes ses formes.
On débute ainsi avec Chemin d'eau pour un poisson de Mercedes Marro, dans lequel le jeune Oscar, résidant dans un quartier défavorisé d'Amérique Latine soumis à une pénurie d'eau, va tout faire pour sauver la vie d'un poisson.
S'en suit Le Renard minuscule de Sylwia Szkilladz et Aline Quertain, qui suit l'amitié insolite entre un mini-renard et une fillette qui a le pouvoir d'agrandir des objets.
La Cage de Loïc Bruyère nous plonge ensuite dans le quotidien d'un ours en cage dans un zoo qui va se lier d'amitié avec un oiseau tombé de son nid.
Enfin, Clé à Molette et Jo de Stéphane Piera raconte l'histoire d'un petit robot de l'espace qui atterrit sur terre et rencontre Jo, un enfant malentendant et solitaire.
Nous avons interviewé le réalisateur de ce dernier très joli court-métrage, Stéphane Piera, sur les raisons qui l'ont poussé à traiter du thème de la surdité et plus largement de la différence et de l'amitié auprès d'un jeune public.
Stéphane Piera : Il y a pas mal d'années, j'ai eu l'occasion de travailler avec des personnes malentendantes - comédiens et animateurs - sur un projet traitant de la langue des signes. C'était pour moi une découverte, une expérience aussi, de collaborer avec des gens qui communiquaient à travers une langue différente. J'ai trouvé ça à la fois fascinant et assez absent de nos antennes. J'ai donc eu envie de traiter à nouveau de ce sujet en le mettant à la hauteur d'enfants. Jouer sur ces problèmes de communication, le rapprochement entre deux communautés, celles des enfants entendants et des enfants sourds.
S. P : Absolument, c'est important que les gens comprennent mieux les différences, apprennent à les dépasser. Mais ce court-métrage permet aussi de raconter une histoire d'amitié pas forcément facile à construire à la base puisque les protagonistes ne parlent pas la même langue.
S. P : J'apprécie de travailler sur des projets à destination des enfants. J'ai aussi le sentiment que ce sont des domaines qu'il faut aborder avant tout avec le jeune public, des générations en devenir auxquelles on peut apporter un oeil nouveau par rapport à la différence, et c'est ça qui m'intéressait tout particulièrement. Et aussi le fait que lorsque l'on s'adresse à des enfants, il n'y a pas d'à priori.
S. P : On essaie toujours de le faire mais on ne le fait jamais assez. Et puis les adultes y arrivent peut-être moins facilement donc autant commencer tôt. Les enfants sont très réceptifs, on s'en est notamment aperçus en faisant des projections dans des établissements scolaires, et que mieux connaître cet univers pouvait changer leur vision lorsqu'ils avaient ensuite affaire à une personne malentendante. D'ailleurs, pour les enfants qui souhaitent apprendre à jouer avec les signes, on a mis en place un jeu en ligne qui reprend les personnages.
S. P : Ce qui m'intéressait dans le choix du robot, c'est qu'il puisse constituer un ami pour Jo mais aussi un catalyseur pour les autres enfants du film. Le pas qu'ils n'osaient pas franchir pour aller vers Jo, ils vont le faire pour parler au robot parce qu'il est lui, a priori beaucoup plus intrigant, excitant, surgissant de nulle part. Finalement, toute la petite bande de copains va aller vers Jo, à travers le robot, sans même s'en rendre compte et l'accepter au sein du groupe.
S. P : Qu'ils passent avant tout un bon moment de divertissement. Mais le message véhiculé, c'est qu'il faut communiquer les uns avec les autres même lorsque l'on ne se connait pas ou qu'on ne parle pas la même langue. On n'a pas besoin de maîtriser tous les signes pour pouvoir se faire comprendre, d'ailleurs, la langue des signes constitue un monde qui peut être fascinant pour les enfants et tout à fait abordable.
S. P : Evidemment, c'est avant tout un message d'amitié qui est véhiculé. Quand j'ai écrit cette histoire, il y avait toujours le Renard dans "Le Petit Prince" de Antoine de Saint-Exupéry, qui me venait à l'esprit. Une amitié qui m'avait beaucoup touché lorsque j'étais enfant.
S. P : Oui, je pense qu'il y a de la place pour mettre un peu plus d'émotions dans les films d'animation, on n'est pas obligé d'être toujours tonitruant pour maintenir l'attention des enfants. Et ils peuvent se divertir tout en se sensibilisant.
Les P'tits Explorateurs, de Mercedes Marco, Loïc Bruyère, Sylwia Szkilladz & Aline Quertain, Stéphane Piera, distribué par Folimage au cinéma à partir du 5 avril 2017.