Ils dénotent par leur vision fort malsaine de la passion amoureuse, leur attitude toxique, leurs manipulations psychologiques diverses, et surtout, leur propension au harcèlement... Eux, ce sont les stalkers.
Un archétype régulièrement employé dans les films, et pas seulement dans les rom-coms les plus craignos. Sur grand écran et sur le petit aussi, comme le démontre You, la série de Netflix de retour une quatrième saison. Comme Joe (Penn Badgley), l'anti-héros bien creepy de You, les harceleurs se sont souvent incrustées dans notre filmothèque. La preuve par sept.
Ne tiendrait-on pas là la stalkeuse ultime ? Dans le registre de la psychopathie, Annie Wilkes est reine, et même les mecs ne peuvent rivaliser. Voyez plutôt : cette fan du romancier Paul Sheldon, et plus encore de l'héroïne qu'il a créé, Misery, va recueillir ce dernier suite à un accident de voiture. Mais la groupie va virer tortionnaire en apprenant que son idole compte mettre fin à sa saga littéraire, qu'elle connaît sur le bout des doigts.
Incarnée par Kathy Bates, l'impressionnante Wilkes n'est pas simplement une harceleuse, incollable jusqu'à la maniaquerie sur celui qu'elle "chérit", c'est une fan plus increvable que les croque-mitaines (majoritairement masculins) des films d'horreur. Comme quoi, l'amour des livres lui aussi peut être dangereux. Ironique quand l'on sait que le romancier Stephen King a puisé dans ses hantises pour imaginer cette histoire.
Twilight n'échappe pas à la malédiction de bien des romances générationnelles dures à la revoyure (hello Richard Gere dans Pretty Woman) : mettre en scène des mecs bien toxiques, quitte à glamouriser le harcèlement. Ainsi s'illustre Edward Cullen (Robert Pattinson), qui déploie auprès de sa Bella un comportement pour le moins intrusif : regarder sa dulcinée dormir, décharger sa colère à l'égard de ses rivaux, abuser de son côté ultra-protecteur, jouer le grand mec secret et tourmenté à la moindre occasion. Même les fans de la franchise admettent aujourd'hui son attitude de "creep".
Un film chéri par celles et ceux qui se souviennent avec émoi du plus beau sourire des années 90 : celui de Julia Roberts. Cependant, l'ambiance n'est guère à la jovialité dans ce thriller narrant la fuite éperdue d'une femme persécutée par son ex. Un schéma classique qui permet d'habiles moments de tension, sur fond de violences conjugales, d'emprise et de harcèlement.
Cette intrigue d'ex-stalker va faire des émules. Récemment encore, le très surprenant Résurrection déclinait ce synopsis en confrontant l'impressionnante Rebecca Hall à un ancien conjoint bien toxique incarné par Tim Roth, sur fond de twist macabre. Stalker qui partage avec son ex un secret particulièrement... dévastateur. L'occasion d'actualiser le thème du harcèlement conjugal à l'ère de #MeToo. Important.
Encore une histoire de femme persécutée par un mec ? Oui, et même plus d'un. Scream impose une héroïne tragique et battante en la personne de Sidney Prescott (Neve Campbell), jeune meuf qui a une fâcheuse tendance à ne croiser sur son chemin que des hommes psychopathes en puissance. Pas de chance. Dans le genre, son petit ami Billy n'est pas trop mal, puisqu'en plus de cultiver une passion pas si saine pour le cinéma d'horreur et les coups de fil incessants, le garçon adore se ramener chez elle sans prévenir, par la fenêtre.
Un réflexe pas si romantique que cela, surtout si vous ajoutez à cette équation l'amitié un brin sadomasochiste qu'il a noué avec son meilleur pote Stuart, grand benêt pas très affuté. L'air de rien, c'est une certaine masculinité toxique que fustigent Wes Craven et son scénariste Kevin Williamson (créateur de Dawson) avec cette saga horrifique à succès où les mecs, surtout lorsqu'ils s'allient, s'avèrent particulièrement pervers.
Le regretté Robin Williams aurait-il eu une propension à sublimer bien malgré lui l'archétype du stalker à l'écran ? On s'interroge, sans blague. Déjà, le postulat de Madame Doubtfire (un père loser en plein divorce se travestit en nounou pour garder ses gosses auprès de soi) se posait là en terme de stalking énervé.
Dans le beaucoup plus sérieux Photo Obsession, l'acteur fait cependant bien pire en développant quotidiennement - c'est son job - les photographies d'une famille qu'il imagine parfaite, imaginant à travers chaque pellicule qu'il épluche jusqu'à l'obsession (d'où le titre) les détails d'une vie qu'il aimerait avoir. Flippant.
Dans la catégorie des comiques virant au stalking radical, (re)voir également le Disjoncté de Ben Stiller, où excelle un Jim Carrey particulièrement collant.
La vie pépère du toujours bien coiffé Dan Gallagher va se retrouver quelque peu bouleversée lorsqu'il va croiser sur son chemin Alexandra Forrest. Et surtout lorsque, suite à une liaison passagère, il va décider de rompre avec elle. Sa vengeance sera terrible.
Pour Michael Douglas, Liaison Fatale marque le début d'un cycle de films sulfureux dominés par des mantes religieuses - de Basic Instinct à Harcèlement avec Demi Moore. La "Alex" de Liaison Fatale (interprétée par la géniale Glenn Close) va marquer les esprits par sa détermination à toute épreuve et son comportement insaisissable. Difficile malgré le symbolisme un peu gros de la femme "castratrice" de ne pas éprouver de l'empathie envers cette laissée pour compte.
Ne tournez jamais le dos à Max Cady. Paré de sa garde-robe atrocement kitsch et de ses regards menaçants, cet ancien taulard féru de muscu (et de livres de droit) va harceler jour et nuit l'avocat qui aurait pu mieux le défendre naguère. Dans la peau du grand méchant, Robert De Niro délivre un absolu du stalker : filatures, menaces indirectes, phrases pleines de sous-entendus, manipulation de l'entourage de la victime, acharnement psychologique intense, et même, rires particulièrement bruyants en pleine séance de cinéma - le pire de tout.