Vous dites encore « j’ai changé mon status » (prononcé « statusse »), « défriendé » ou « event » (dans « Ah non je n’ai pas reçu ton invite. C’est un nivènte ? »). Normal, en 2006, lorsque vous vous êtes inscrit, la version française n’existait pas. Elle n’est apparue qu’en 2008. Réfractaire au changement comme tous les vieux, vous avez préféré rester sur l’ancienne version quitte à ne pas tout comprendre.
2. Vous êtes nostalgique de la période « status »
Mais si, souvenez-vous. Aux débuts de Facebook, votre quotidien consistait chaque matin à renseigner votre « statusse », donc, évoquant votre humeur. Ainsi, vous pouviez rester des heures devant « Adèle is… ». MMh, « contente » ? « ultra soûlée par cette journée qui commence » ? « pfiou crevée et déteste les lundis » ? Aujourd’hui qu’on peut poster vidéos, photos ou articles, ces auto-analyses vous manquent.
Mais si, souvenez-vous, ce widget avait fait fureur, et consistait à remplir sur le profil d’autrui la case « nickname » (surnom). Très bon outil de drague (on n’avait ni Tinder ni adopteunmec au temps des pionniers), la merveille a depuis disparu sans prévenir. Snif.
4. Sur le tchat, vous ne comprenez jamais très bien si vous écrivez un message privé
Déjà, cette espèce de MSN Messenger agrégé à The Facebook, euh, Facebook, vous trouvez ça étrange mais, plus étrange encore, vous n’avez compris que récemment que, lorsque votre contact c’était pas là mais que vous lui aviez parlé, votre conversation était en fait archivée dans ses messages privés. Euh, c’est bien ça ?
Et préférez « turn off Chat », pour pouvoir tranquillou reprendre votre activité de voyeur online à l’ancienne sans qu’on guette votre présence sur le réseau. D’ailleurs, quand vous avez oublié de vous rendre invisible et que quelqu’un vous parle malgré tout, vous avez peur et vous déconnectez immédiatement comme si vous étiez nu.
Mais si, souvenez-vous de ce réseau social select que vous avez mis tant de temps à intégrer par cooptations successives, voire pots de vin ou dédommagements en nature. On n’était pas si mal, finalement, dans ce monde clos et VIP où l’on ne risquait pas de croiser la collègue du marketing ou la stagiaire de 3e. Dommage, vous ne vous souvenez plus de vos codes d’accès.
Oui, de votre temps, le Like c’était déjà énorme (et on disait « énorme » sans rougir). Alors que la légende urbaine annonça longtemps l’avènement du Dislike vint finalement s’ajouter le « Share ». « Tu préfères que je like ou que je share ton article ? », demandez-vous souvent à vos potes journalistes, ou tout autre amis désireux de promouvoir sur le réseau son activité professionnelle. Réponse : SHARE.
Huit ans, huit ans que vous postez, taguez, untaguez, commentez, supprimez, likez, partagez des photos de vos soirées, vacances et autres situations sociales passionnantes. Pourtant, si vous remontez aux origines, vous vous rendrez compte que, souvent, vous êtes quasiment incapable de vous rappeler le nom de ceux qui vous accompagnent, hilares, sur cette plage de Punta Cana alors que vous semblez les a-do-rer.
En souvenir du bon vieux temps. Celui du « Regarde il m’a pokée ! Ça veut dire quoiii à ton avis ? Tu crois que je le poke back ? JE LE POKE BACK OUPAS ? Ça fait folle, non ? » Euh… Oui. Et vieille, aussi.
Comme elle était douce l'époque où vous ne veniez, le cœur plein d’un amour psychédélique, que pour retrouver avec bonheur vos vieux copains du primaire avant de leur envoyer chaque jour des hugs, des kiss ou des gifts, gratuits ceux-là, pour le seul bonheur de leur témoigner votre affection entre deux réunions !
Depuis, votre Timeline vous effraie. Les photos de bébés angoissants ont remplacé les réjouissances d’autrefois, et les events de goûters d’annivs les invitations aux soirées déglingue. Quant à votre profil, il est scruté partout et par tous. Votre potentiel futur employeur est allé fureter après avoir reçu votre CV, puis s’est abstenu de vous proposer une rencontre après avoir pris connaissance des photos de vous déguisée en Piggie au Nouvel an 2012. La pub encombre vos news feed et vous êtes nulle en selfies. Plus aucun célibataire ne vient vous chatouiller en Inbox mais des quasi inconnus vous y informent de leur activité pro dont vous n’avez rien à faire. Bref, vous êtes mûr pour Tindr ou Twitter.
Zuckerberg : Ouais donc si jamais tu as besoin d'informations sur n'importe qui à Harvard.
Zuckerberg : J'ai plus de 4.000 e-mail, photos, adresses
Ami: Quoi? Comment t'as réussi à obtenir ça?
Zuckerberg : Ils l'ont juste donné
Zuckerberg : Je ne sais pas pourquoi
Zuckerberg : Ils me "font confiance"
Zuckerberg : Putain d'abrutis
Extrait d’un tchat entre Zuckerberg et un ami étudiant au début de Facebook, Business Insider, 13 mai 2010.