C'est sans regret qu'on a tourné le dos à la douloureuse année 2016. Mais après ses coups de théâtre et ses déchirements, on ne peut aborder 2017 qu'avec méfiance. On a beau se réfugier dans nos listes de bonnes résolutions, on se doute que l'année à venir promet d'être difficile, qu'on se mette à recycler nos déchets pour de bon ou non.
Mais puisqu'il est aussi absurde qu'inutile de tomber dans un pessimisme prématuré et infertile, on vous propose plutôt de se tourner vers quelques figures qui éclaireront cette année: voici donc 10 femmes, plus ou moins connues mais toutes exceptionnelles, qui nous donnent de l'espoir, se battent pour nous et nous inspirent. Avec elles, l'année sera belle quoiqu'il arrive.
Talent précoce du journalisme et grand reporter pour Europe 1 depuis 3 ans, Gwendoline Debono vient de recevoir le prix 2016 de la presse diplomatique française pour sa couverture de la guerre en Irak. A 29 ans, la jeune femme formée "sur le terrain" est l'une des rares femmes à couvrir les zones de conflits- et avec autant de bravoure que de finesse et d'intelligence, pour ne rien gâcher. Entre autres, elle a réalisé un reportage sur l'épidémie du virus Ebola au Liberia, sur la guerre de Gaza ou sur le djihadisme au Mali, en Centrafrique et en Irak. Elle a été l'une des premières journalistes à être entrée à Mossoul alors qu'elle suivait les forces spéciales irakiennes qui affrontaient l'EI.
First Lady ou non, qu'importe : Michelle Obama n'a pas fini de nous réjouir. Elle est bien plus populaire que n'importe quelle première dame avant elle, mais aussi qu'Hillary Clinton ou même son mari : en 2016, la "FLOTUS" préférée des Etats-Unis se glissait au 13e rang du classement Forbes des femmes les plus puissantes au monde, devant des personnalités-phares telles qu'Oprah Winfrey, Aung San Suu Kyi, la reine Elizabeth ou Anna Wintour. Et c'est peut-être en étant hors de la Maison Blanche, loin des sentiers de guerre mais proche du coeur des Américains que Michelle Obama pourra le plus faire entendre sa voix, notamment en matière de droits des femmes.
Gynécologue-obstétricienne et chef de la maternité à l'hôpital Delafontaine, Ghada Hatem-Gantzer a tout d'abord créé au sein de l'hôpital une cellule destinée à réparer les mutilations sexuelles qu'elle observait chez un bon nombre de ses patientes. Après trois années de bataille acharnée, elle a réussi à aller plus loin en ouvrant à l'hôpital Delafontaine une "Maison des Femmes", un refuge pour toutes celles qui ont subi de violences sexuelles. Infatigable, elle y accueille quotidiennement une cinquantaine de femmes et répare les plaies physiques comme mentales de victimes de violences conjugales, d'excision, d'abus sexuels, de mariages forcés... Ce n'est pas pour rien qu'on la surnomme "l'ange gardien des femmes".
Né au Canada en 1994, Winnie Harlow (Chantelle Brown-Young, de son vrai nom) souffre de vitiligo depuis ses quatre ans, une maladie auto-immune qui entraîne une dépigmentation de la peau. La jeune femme, qui a affronté les moqueries toute sa vie, a fait de son atypisme sa force et est désormais une mannequin reconnue, l'égérie de Desigual et une star d'Instagram. Elle se sert de sa popularité pour combattre la discrimination, et milite avec acharnement en faveur de l'acceptation de soi et de la promotion d'un modèle de beauté plus réaliste et diversifié. Et ça fait du bien.
Alors que le gouvernement a déclaré la guerre aux Iraniennes et accentue la répression à leur encontre, Shirin Gerami fait figure d'héroïne. Première triathlète féminine du pays, elle lutte pour l'émancipation des femmes par le biais du sport. Pour que toutes les Iraniennes puissent y avoir accès, sans être gênées par leurs voiles obligatoires, elle a créé une marque de vêtements de sport adaptés. "Ce que vous portez ne doit pas définir la personne que vous êtes, et ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire. C'est juste un morceau de tissu", a-t-elle déclaré au Sports Illustrated. Un engagement sportif et féministe à suivre de près.
Quoique l'on pense de la politique d'Anne Hidalgo, on ne peut qu'admirer son parcours en tant que femme. Militante pour l'égalité des sexes depuis trente ans, elle a réussi à s'imposer dans le milieu saturé de testostérone de la politique, et est la première femme à être devenue maire de Paris : "Je suis une immigrante, je suis une femme et pourtant je suis maire de Paris", déclarait-elle fièrement à Doha en novembre dernier. Celle qui a toujours refusée de taire ses convictions féministes ("Je ne me suis jamais tue et je ne me tairais jamais devant le sexisme", a-t-elle dit sur Twitter en postant une lettre de réponse au vitriol à un maire des Hauts-de-Seine qui avait "blagué" sur ses fellations) s'efforce également de porter la France à l'honneur en faisant de Paris la ville d'accueil des JO de 2024.
Cette Africaine se bat depuis plus de 10 ans contre les mariages précoces et les mutilations génitales, des pratiques traditionnelles qui sont encore monnaie courante dans la tribu kényane des Samburu dont elle vient. Grâce à son association, Samburu Girls Foundation, créée en 2012, elle a déjà sauvé plus de 1000 fillettes : à 32 ans, le Dr Josephine Kulea est l'une des figures les plus influentes de la lutte contre ces violences qui enferment les filles et les femmes dans un quotidien de douleur au nom de la tradition. Barack Obama lui-même a salué le courage et la ténacité de la jeune femme en expliquant "qu'elle lui donnait de l'espoir" - et c'est un sentiment qu'on partage.
Ce nom ne vous évoque sûrement rien. Et pourtant, c'est celui de la femme qui se cache derrière l'initiative de la "March on Washington", l'immense mouvement de protestation des femmes qui se tiendra à Washington le 21 janvier 2017, au lendemain de l'investiture de Trump. Maui Cooper Slim, une Hawaïenne de 54 ans ne parvenait pas à se résoudre à la cauchemardesque victoire de Trump, qui représentait pour elle le triomphe du racisme et de la misogynie. Elle a alors lancé l'idée d'une marche de femmes sur Facebook, qui devient rapidement virale. Depuis le Lincoln Memorial, où Martin Luther King a prononcé son célèbre discours "I have a dream" en 1963, jusqu'à la Maison Blanche, plus de 66 000 personnes (annoncées) défileront pour montrer leur volonté de protéger leurs droits et s'élever contre la banalisation du harcèlement sexuel alors que le président entrant s'était ouvertement vanté d'avoir déjà agressé sexuellement plusieurs femmes. Une belle initiative qui nous laisse espérer que le féminisme de 2017 sera puissant et unifié.
Cette joueuse professionnelle de football, qui joue avec en arrière latéral gauche au PSG, a réussi à se tailler un nom dans le monde du ballon qui malheureusement, n'a tendance à ne jurer que par les hommes. Ses talents de défenseuse, sa dextérité et son esprit d'équipe ont été maintes fois salués et lui ont permis de s'offrir le titre de vice-championne de France avec le PSG en 2011, 2013, 2014, et 2015. En 2017, Laure Boulleau participera au Championnat d'Europe de football féminin, où les meilleures sélections de joueuses de l'UE s'affronteront. En dehors des terrains, c'est une jeune femme active, qui poursuit ses études en tant que kinésithérapeute et est une passionnée du Net. Un modèle des plus inspirants, en somme.
Artiste multimédia, mannequin, chanteuse... Viktoria Modesta ne s'arrête jamais. Amputée d'une jambe à cause d'une malformation de la hanche, la jeune femme lettone nous fait oublier tout ce qu'on croit savoir sur les handicaps. Dans des clips sublimes, la jeune femme expose ses talents en musique et en danse, en mettant en scène sa prothèse sans le moindre complexe...et explose tous nos préjugés : on oublie l'handicap, on regarde le talent. Une artiste rafraîchissante qui fait réfléchir, à suivre de très près.