Invitée de l'animateur Ali Baddou sur France Inter ce vendredi 10 novembre à l'occasion de la 3e édition du forum niçois Neuroplanète, la neurobiologiste Catherine Vidal a dénoncé les stéréotypes de genre qui perpétuent les inégalités hommes/femmes. "Le genre ne nie pas la réalité biologique, le genre se construit en interaction avec l'environnement", a rappelé Catherine Vidal. Focus sur trois idées reçues qui ont la vie dure, mais qui ne sont pas forcément viables scientifiquement parlant.
Contrairement aux femmes, les hommes ne seraient pas capables de faire plusieurs choses à la fois. En contrepartie, ces derniers auraient un meilleur sens de l'orientation que leurs homologues féminins. Voici l'un des clichés les plus tenaces en matière de différences biologiques entre les hommes et les femmes.
Un argument absurde du point de vue de Catherine Vidal : "Prétendre que les femmes sont naturellement multitâches, c'est justifier qu'à la maison, hélas, elles ont la charge de toutes les tâches domestiques. [..] C'est donc une vision totalement erronée et stéréotypée qui laisserait croire à nouveau que derrière il y a une biologie, un argument du naturel, qui ferait qu'on va justifier cette différence entre les femmes et les hommes dans les rôles sociaux".
Car, comme le rappelle la neurobiologiste, nous sommes potentiellement toutes et tous multitâches.
Oui, vous avez bien lu. Aussi absurde que peut cela puisse paraître, cette allégation scientifique émane d'une méta-analyse réalisée en 2014 par les chercheurs des universités de Cambridge et d'Oxford compilant 126 études. Tous ces travaux portaient sur la différence de taille entre le cerveau de l'homme et de la femme. Ces scientifiques britanniques en sont arrivés à la conclusion les hommes présentent un cerveau en moyenne de 8 à 13% plus gros que celui des femmes.
L'étude précise toutefois que ces résultats n'a pas de lien direct avec l'intelligence. En réalité, ces données indiquent simplement que les hommes de l'étude ont davantage développé certaines parties spécifiques de leur cerveau, qui sous l'effet de l'activité neuronale se sont épaissies.
Ce phénomène, connu sous le terme de plasticité cérébrale, explique donc pourquoi le volume du cerveau était plus important chez les hommes qui ont participé à ces études.
Une donnée également évoquée par Catherine Vidal : "La question de programmation génétique en fonction du genre à la naissance a été remise en cause grâce à la découverte de la plasticité cérébrale : notre cerveau n'est jamais figé, il se modifie en permanence, se fait le reflet de nos apprentissages. Ce qui compte c'est la qualité des connexions entre les neurones", explique-t-elle.
Elle pleure facilement devant une comédie à l'eau de rose tandis qu'il garde toujours les yeux complètement secs.... Cette croyance populaire fortement répandue (en témoigne l'expression "pleurer comme une fille") selon laquelle les femmes seraient plus sensibles que les hommes fait débat au sein de la sphère scientifique.
Si plusieurs chercheurs avancent que cette affirmation est scientifiquement prouvée,une récente méta-analyse américaine vient cependant contredire cette théorie, au motif que la méthodologie appliquée dans les précédentes études reposait sur un trop petit échantillon de participants.
Cette fois, les recherches menées par une équipe de neurologues de la Rosalind Franklin University of Medicine and Science ont croisé les données de 76 études réalisées sur plus de 6.000 participants aux différents âges et issus de milieux sociaux variés.
Or, d'après les chercheurs, aucune différence notable dans le traitement de la mémoire et des émotions n'a été observée entre les cerveaux féminins et masculins.